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          Si l'animation permet de transporter le spectateur au delà du réel en donnant aux animaux des voix ou des vêtements, c'est également un outil particulièrement adapté aux mélanges en tout genre. Ainsi, le trait de crayon des animateurs permet de faire vivre des créature mythiques - mi homme mi animal - ou tout simplement plonge avec brio dans l'univers des transformations.

 

1. Les Hybrides        

          Des hybrides au cinéma dès les années 30 ? Impossible sans les effets spéciaux actuels ! Et pourtant, les studios Disney l'avaient déjà fait: l'animation est, en effet, un processus cinématographique remarquable pour palier aux faiblesses des effets spéciaux de l'époque. Le plus célèbre des hybrides est sans doute la sirène, mi-femme mi-poisson, qui conserve une place de choix dans le large patrimoine de l'animation Disney. Les premières apparaissent en 1938 dans la Silly Symphony de 1932 Le Roi Neptune, réalisée par Burt Gillett. Six ans plus tard, nous découvrons la version bébé des sirènes dans une autre Silly Symphony, Les Bébés de l'Océan, réalisée par Rudolf Ising. La même année, Dingo s'éprend d'une figure de proue à l'effigie d'une sirène dans le cartoon Constructeurs de Bateaux. Il faudra attendre Peter Pan (1953), de Hamilton Luske, Clyde Geronimi et Wilfred Jackson pour revoir les créatures sur grand écran. D'ailleurs, les sirènes de la lagune que Wendy affectionne tant ne sont pas montrées sous leur meilleur jour: de vraies chipies ! Enfin, et pas la moindre, la sirène la plus célèbre du monde arrive sur les écrans le 15 novembre 1989. Ariel, animée avec brio par de grands poids lourds de l'animation (Glen Keane, Mark Henn et James Baxter), pourrait représenter à elle seule l'entrée dans le nouvel âge d'or: La Petite Sirène a, en effet, cartonné au box office, dépassant des records de vente tant au niveau des places de cinéma, des produits dérivés ou de la bande originale, qui a par ailleurs reçu deux Oscars. La Petite Sirène est devenue l'une des franchises de Disney les plus lucratives, aboutissant, en outre, à deux nouveaux longs-métrages (La Petite Sirène 2: Retour à l'Océan et Le Secret de la Petite Sirène) et une série télévisée.

(De bas en haut: Le Roi Neptune, Les Bébés de l'Océan, Peter Pan, La Petite Sirène)

 

 

(Les hybrides de Fantasia)

 

          Deux autres grands classiques prêtent une part belle aux hybrides: la séquence La Symphonie Pastorale de Fantasia (1940) et Hercule (1997). Tout deux présentent deux types de créatures fantastiques très célèbres: le centaure et le satyre. Le premier, être au corps de cheval et au buste d'homme, est représenté par Nésus dans Hercule et par l'entourage du dieu Bacchus dans Fantasia. De même, Philoctète, mi-homme mi-bouc, entraîne notre héros et forge sa légende, tandis que les satyres de Bacchus ravissent le dieu du vin de leur musique champêtre.

(Les hybrides d'Hercule)

 

 

 

2. Les Transformations

 

          Quitte à faire la moitié, autant le faire en entier ! Ni une ni deux, voilà la nouvelle lubie des animateurs: transformer des êtres humains en animaux ! Après tout, si la Reine de Blanche-Neige et les Sept Nains peut sacrifier sa beauté pour se changer en vieille sorcière, pourquoi se plaindre de quelques poils ou plumes en plus ? Le premier test dans un grand classique est d'ailleurs assez discret... ce sera dans Pinocchio en 1940. En effet, au cours de ses mésaventures, notre pantin de bois se retrouve sur l'Île aux Plaisirs. Ce qu'il ignore, c'est que ce lieu de joies et d'amusement n'est que l'antichambre d'une grande tromperie: les enfants "méchants" qui pénètrent sur l'Île sont changés en ânes, puis expédiés aux mines de sel ! C'est d'ailleurs le sort réservé à l'ami de Pinocchio, Crapule. Mais Pinocchio arrive à s'échapper à temps et ne conservera de cette mésaventure que les oreilles et la queue de l'équidé.

(Crapule se transforme en âne)

 

 

(La transformation de Maléfique en dragon, une scène saisissante)

          La transformation suivante se veut beaucoup plus impressionnante. Et pour cause, on se retrouve avec le plus célèbre des animaux légendaires: le dragon. Il s'agit bien entendu de la méchante de La Belle au Bois Dormant, Maléfique, souvent citée comme l'une des préférées du public. Si Marc Davis s'est occupé de l'animation de la sorcière, la responsabilité du dragon a été confiée à Wolfgang Reitherman et Cliff Nordberg. La scène de la transformation est le point d'orgue du film, où l'action atteint son apogée, et sans doute l'une des séquence d'animation les plus mémorables dans l'histoire du studio. Selon Ollie Johnston et Frank Thomas, " L'animation spectaculaire de Maléfique se changeant en dragon  est une façon très impressionnante de créer un lien entre un humain et un reptile "humanisé"". D'ailleurs, le design du dragon conserve les traits caractéristiques du personnage, notamment ses "cornes". " Ses yeux de dragon ne possèdent pas de pupille, vous aviez l'impression de plonger au cœur d'un brasier, tout comme pour Chernobog. Cela crée une sensation inquiétante et un sentiment de frayeur quand vous regardez les yeux d'une telle bête" racontent Ollie Johnston et Frank Thomas dans Les Méchants chez Walt Disney.

 

          La magie est, bien entendu, la meilleure solution pour introduire une transformation. Lorsque les studios Disney décidèrent d'adapter la légendaire histoire de Merlin L'Enchanteur, l'occasion était trop belle ! Le grand classique de 1963 comporte, il est vrai, le nombre le plus impressionnant de transformations. Tout commence avec l'éducation du jeune Moustique: poisson, écureuil, oiseau... Mais lorsque Madame Mim propose à Merlin un duel de sorcellerie, c'est le déluge: crocodile, renard, poule, éléphant, tigre, serpent, rhinocéros, dragon pour la sorcière et tortue, lièvre, chenille, phoque, souris, crabe, chèvre et microbe pour Merlin, lors d'un combat désormais culte. Visuellement, cette séquence est une totale réussite, notamment grâce au talent des animateurs qui ont réussi à mettre en place un subtil code couleur et à garder dans chaque animal un élément type du personnage d'origine: les cheveux pour Mim et les lunettes pour Merlin.

(Merlin, Arthur et Madame Mim... une vraie bassecour !)

 

 

(Kuzco n'est certainement pas le seul à subir les sorts d'Yzma)

 

          Si Merlin l'Enchanteur est un modèle dans le genre, on retrouve une situation similaire dans Kuzco, l'Empereur Mégalo, réalisé en 2000 par Mark Dindal. Kuzco, jeune empereur égoïste et prétentieux, se retrouve changé en lama par la perfide Yzma qui espère ainsi s'emparer du pouvoir... Si l'essentiel du film se concentre sur la nouvelle vie de notre tête couronnée dans la peau d'un "lama qui pue", la dernière partie est l'occasion d'élargir le spectre bestial du film ! Après tout, on n'allait pas se contenter d'un lama! A l'image de Merlin, avec Kuzco tout y passe: tortue, perroquet, baleine... Tout en gardant la même stratégie visuelle de Merlin l'Enchanteur, les animaux dans lesquels Kuzco se transforme conservent un trait physique caractéristique du personnage: ses cheveux. Même les sbires d'Yzma n'y échappent pas, nos héros sont ainsi poursuivis par un gorille, une autruche, une pieuvre, un phacochère, une vache et un lézard. Quel zoo !

 

          Grâce à sa transformation en lama, Kuzco porte un nouveau regard sur le monde et sur lui-même. Mais le but de la métamorphose était à l'origine - selon Yzma - de nuire à l'empereur. Dans Frère des Ours (2003), la transformation de Kinaï en ours est de ce point de vue tout à fait opposée: le but est dès le départ de faire évoluer le personnage dans le bon sens, c'est là l'entreprise des grands esprits. Mais les deux personnages portent, grâce à leur condition animale, un nouveau regard sur le monde. La transformation est ainsi un stratagème unique dans le processus de parcours initiatique, très présent dans les grands films d'animation. Pour preuve, les réalisateurs de Frère des Ours, Aaron Blaise et Bob Walker, optèrent pour un choix artistique plutôt pertinent: le format d'image passe du 1.85:1 au 2.35:1 après la transformation, modification censée illustrer le nouveau regard que porte le héros sur son environnement. On retiendra particulièrement du film la scène magistrale de la transformation, clé de voûte du film, magistralement mise en musique par Phil Collins.

(La transformation de Kinai dans Frère des Ours)

 

 

(Avant de devenir Grenouilles, Naveen et Tiana étaient humains)

          En 2009, le retour des Walt Disney Animation Studios à l'animation 2D est également l'occasion de renouer avec la tradition des transformations. Dans La Princesse et la Grenouille, les studios revisitent le célèbre conte du Prince Grenouille, où pour s'échapper de son corps de batracien, la tête couronnée doit se faire embrasser par une princesse. Pas de révolution du genre ici, avec une métamorphose on ne peut plus classique, mais qui permet d'amener, à grand renfort d'humour, des scènes subtilement cocasses.

 

(La Bête est un savant mélange de lion, buffle, sanglier, gorille, loup et ours)

 

          Achevons cette analyse avec un exemple très particulier: la transformation du Prince Adam en Bête. Ayant refusé l'hospitalité à une vieille mendiante, le Prince se retrouva changé en une Bête hideuse par cette dernière, qui était en fait une enchanteresse. Pour retrouver son apparence, le jeune homme devra se faire aimer d'une jeune fille avant son 21ème anniversaire, sans quoi il devra demeurer un monstre jusqu'à la fin de ses jours. Imaginé et animé avec brio par Glen Keane entre autres, La Bête est certainement l'un des personnages les plus complexes qu'il ait été donné de voir dans un long-métrage d'animation. Gentil ou méchant ? Difficile à dire au début de La Belle et la Bête (1991). Cette psychologie particulière est complétée par un design absolument efficace. En effet, la Bête ne ressemble à aucun animal connu. D'ailleurs, Glen Keane lui-même pensait que son personnage n'était ni tout à fait humain, ni tout à fait animal. On reconnaîtra cependant quelques particularités propres aux lions, buffles, sangliers, gorilles, loups et ours. Il est vrai que, avant d'arriver à ce résultat, les recherches s'appuyaient plus sur un animal unique, notamment le chimpanzé, le sanglier ou encore plus étonnant, le loup-garou !

 

 

3. Tarzan : l'Homme-Singe

 

(Tarzan, l'homme-singe)

 

          Difficile d'envisager un dossier sur les animaux sans évoquer le cas de Tarzan. Il constitue une véritable fusion entre l'état humain et l'état animal, effaçant ainsi toute frontière: c'est le "chaînon manquant" que souligne le professeur Porter. "Quand on voit Tarzan, on sent l'animal qu'il renferme", souligne Kevin Lima, le réalisateur du grand classique de 1999. Les parents de Tarzan sont bel et bien des hommes, mais il a été élevé dans la jungle africaine par la guenon Kala, si bien qu'il lui reste peu d'éléments en commun avec le monde civilisé. Et c'est bien là ce qui le différencie d'un autre enfant de la jungle, Mowgli, qui conserve bien plus de traits de ses origines. La supervision de l'animation de Tarzan a été confiée au talentueux Glen Keane, qu'il a partagé avec treize autres animateurs dans les studios français de Montreuil.

 

          Après 20 ans passés dans la jungle, l'anatomie de Tarzan a peu à peu évolué afin de s'approcher au maximum des caractéristiques des gorilles. Les séquences de Tarzan enfant montrent déjà ses aptitudes athlétiques: le petit d'hommes ne marche pas avec ses jambes mais s'appuie sur ses poignets à la manière des singes. La marche est régulièrement remplacée par des sauts de liane en liane. Enfin, l'aisance de Tarzan dans les airs est sans appel, si bien qu'il maîtrise rapidement le surf sur les arbres. Mais oui, du surf ! Glen Keane s'est directement inspiré des prouesses de son fils au skate-board pour doter le jeune homme de cette capacité plutôt originale: "On a considéré Tarzan comme un surfeur des arbres qui se servirait des branches comme de trottoirs, en glissant sur la mousse". L'arrivée des explorateurs dans la jungle perturbe ce mécanisme d'"animalisation": Tarzan apprend à parler, commence à marcher debout, et bientôt échange le pagne contre un costume. Mais rassurons-nous, quoi qu'il advienne le cœur de Tarzan demeure dans la jungle.

(Pour donner vie à Tarzan, les animateurs ont dû étudier avec précision l'anatomie humaine, avec les conseils du Professeur d'anatomie de l'Ecole des Beaux Arts)

 

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