Souvenirs de Marnie marque un tournant dans la filmographie Ghibli puisqu'il s'agit du premier film où ne participent ni Hayao Miyazaki ni Isao Takahata, mais aussi la dernière production avant la longue pause annoncée du studio. Il en résulte une oeuvre simple et modeste, mais pleine de charme.

 

 

Souvenirs de Marnie est l'adaptation du classique de la littérature britannique When Marnie Was There, transposée de son Angleterre d'origine aux marais japonais de l'île d'Hokkaïdo. Anna, jeune fille solitaire, vit en ville avec ses parents adoptifs. Un été, elle est envoyée dans un petit village au nord d’Hokkaïdo. Dans une vieille demeure inhabitée, au coeur des marais, elle va se lier d’amitié avec l’étrange Marnie, une jeune jeune fille aux cheveux blonds enfermée derrière une fenêtre bleue.

 

 

 

L'univers construit par le réalisateur Hiromasa Yonebayasshi (à qui l'on doit Arrietty, le Petit Monde des Chapardeurs) se veut beaucoup plus accessible que ses deux prédécesseurs, Le Conte de la Princesse Kaguya et Le Vent se Lève, marquant un retour vers une véritable simplicité artistique, à la fois dans le trait et dans l'écriture. Souvenirs de Marnie se décharge ainsi de tout ornement superflu pour ne garder que l'essentiel : son histoire. Une fable charmante et originale où l'amitié et la sensibilité sont les maîtres mots, couvrant l'oeuvre d'une agréable douceur. Les deux héroïnes sont, dès lors, particulièrement attachantes et se détachent des autres premiers rôles féminins du studio par des personnalités inédites et un design finalement atypique.

 

 

Investi dans cette humilité, Souvenirs de Marnie peine à trouver d'autres points sur lequels se démarquer. Les décors sont comme toujours splendides mais la production reste graphiquement très classique et n'explore aucune fantasie visuelle, pourtant marque de fabrique du studio, jusqu'à se questionner de l'intérêt d'une adaptation animée du roman de Joan G. Robinson. Le brin de fantastique dont le film est subtilement paré ne permet dès lors pas de combler totalement notre imaginaire. La musique, composée par le jeune Takatsugu Muramatsu, révèlerait presque ce manque d'ambition tant elle reste discrète.

 

Après le sympathique Arrietty, le Petit Monde des Chapardeurs, Hiromasa Yonebayasshi propose un film empreint d'une modestie charmante. Souvenirs de Marnie se révèle par une histoire touchante et des personnages forts, à défaut d'émerveiller l'imaginaire.