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        Trois ans après leur retour fracassant dans
        
        Les Muppets : Le Retour, la joyeuse 
        troupe des Muppets revient au cinéma dans un nouveau long-métrage, 
        
        
        Muppets Most Wanted. Boudé par 
        les filiales francophones de la Walt Disney Company et privé d'un 
        doublage dans la langue de Molière, le film ne sortira pas dans les 
        salles françaises, belges, suisses ni même québécoises, et 
        l'exploitation vidéo semble elle aussi compromise. Le public francophone 
        passera t-il à côté d'un nouveau classique ? Assurément oui !   
        
        
        
        Muppets Most Wanted commence là 
        où le précédent opus s'est terminé : après avoir reconquit le cœur des 
        américains après un Muppet Show mémorable, la troupe des Muppets entame 
        une tournée mondiale menée par le producteur Dominic Badguy (Ricky 
        Gervais). Mais Dominic fait double jeu : associé 
à Constantine, le plus grand 
        criminel du monde et sosie de Kermit, il se sert des shows européens des 
        Muppets pour voler les plus prestigieuses banques de la tournée. Alors 
        que Constantine a volé l'identité de Kermit, la véritable grenouille se 
        retrouve enfermée par erreur dans une prison soviétique. Ce nouveau film 
        laisse donc de côté la carte de la nostalgie qui faisait la force du 
        premier opus et s'oriente vers une histoire tout-à-fait originale et 
        loufoque dans la grande tradition des Muppets. Une évolution judicieuse 
        qui installe pour de bon les Muppets dans le 21e siècle sans 
        déstabiliser la nouvelle génération. L'histoire se suit sans temps mort 
        et évite judicieusement les baisses de rythmes et redondances classiques 
        aux road-movies internationaux.    
        
      
     
        L'une des rares 
        faiblesses de 
        
        
        
        Muppets Most Wanted face à son 
        aîné est représentée par son casting "humain" principal. Non pas qu'il 
        manque de qualité. Ricky Gervais, principalement connu pour sa 
        participation à la série britannique The Office, forme avec 
        Constantine un duo de méchants détonnant. Tina Fey, actrice 
        américaine révélée par l'émission télévisée Saturday Night Live, 
        s'illustre à merveille dans les traits de Nadya, l'officier russe qui 
        gère d'une main de maître le goulag où Kermit se retrouve emprisonné. 
        L'intervention de Ty Burrel, récemment plébiscité dans la série 
        d'ABC Modern Family, est plus anecdotique dans la peau d'un 
        inspecteur français. 
        Le fait est qu'en associant ces 
        personnalités de la télévision, il manque une véritable tête d'affiche 
        fédératrice comme pouvaient l'être Jason Segel et Amy Adams dans 
        
        
        
        Les Muppets : Le Retour. Cette absence 
        est cependant compensée par une multitude de caméos d'une qualité 
        exceptionnelle et d'un statut clairement majoré par rapport à l'opus 
        précédant. Se succèdent ainsi à l'écran des noms aussi prestigieux que 
        Céline Dion, Lady Gaga, Dany Trejo, Usher, Puff Daddy, James McAvoy ou 
        encore Tom Hiddleston, aux côtés de stars locales peut-être moins 
        connues en France. Quant aux Muppets historiques, ils restent fidèles à 
        eux-mêmes, et sont complétés par l'arrivée d'un nouveau venu, 
        Constantine, grand méchant du film et sosie de Kermit, tout simplement 
        génial.    
      
     
        L'humour des Muppets 
        n'a rien perdu de sa superbe. Au contraire, il s'émancipe encore 
        davantage avec cette renaissance et rares sont les gags qui tombent à 
        plat. Les éléments parodiques du film sont jouissifs : le ton est donné 
        dès les premières minutes où la troupe se moque délicieusement de la 
        politique des suites. Les binômes Constantine/Dominic et Peggy/Kermit se 
        révèlent hilarants et trouvent leur apogée dans l'intervention d'une 
        Céline Dion absolument remarquable d'auto-dérision. James Bobin, 
        réalisateur et scénariste, prouve une fois de plus son aisance dans 
        l'univers des célèbres marionnettes.   
      
     
        Comme de tradition 
        chez les Muppets, la musique a une place importante dans 
        
        
        
        Muppets Most Wanted. Les six 
        chansons inédites du film, écrites par l'oscarisé Bret McKenzie 
        déjà à l'œuvre sur
        
        Les Muppets : Le Retour, sont très 
        sympathiques et, toujours mises en image avec panache et humour, 
        corrigent par leur constante qualité un défaut du précédent opus. A 
        côté, la composition musicale de Christophe Beck, qui signe sa 
        deuxième partition chez les Muppets, s'efface et n'offre aucune mélodie 
        identifiable.   
        
        
        
        Muppets Most Wanted n'a rien 
        des "cheapquels" délicieusement moquées au début du film : encore mieux, 
        la suite réussit le tour de force de faire encore mieux que 
        
        Les Muppets : Le Retour. Certes 
        moins glamour loin des paillettes d'Hollywood, on n'est plus dans la 
        thématique de la nostalgie et les Muppets ont retrouvé une notoriété 
        suffisamment mature pour soutenir une histoire qui ravira tous les 
        publics, des fans initiés aux curieux profanes. Allégrement mis en 
        valeur par une BO de qualité et des guest-stars savoureuses, Kermit et 
        Peggy prouvent une fois de plus qu'ils ont leur place dans le paysage 
        cinématographique du 21e siècle. Il manquerait cependant une véritable 
        tête d'affiche qui permettrait de mieux porter le film à 
        l'international.     |