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          L’arrivée d’un musical de Broadway en France est toujours un événement pour le monde du spectacle. Mais quand il s’agit d’une production Disney, l’attente prend une tout autre dimension devant la rareté de l’occasion et un unique précédent dans les mémoires. En effet, Le Roi Lion à triomphé à Mogador durant trois saisons entre 2007 et 2010 et a posé les bases d’une promesse devant un musical Disney, celle de l’émerveillement. La Belle et la Bête poursuit avec enchantement ce nouvel héritage.

          Le spectacle est l’adaptation sur scène d’un chef d’œuvre du cinéma d’animation vieux de vingt-deux ans, La Belle et la Bête, dont la musique a été récompensée par deux Oscars. Un bagage en or pour une transposition sur les planches. Très fidèle au film d’origine, le spectacle en suit la trame principale et développe en plus de deux heures de show une histoire devenue éternelle. Pour sauver son père, prisonnier dans un château dont le maître est une horrible bête, Belle renonce à sa liberté et consent à prendre sa place. Peu à peu, Belle découvre l’âme sensible de la Bête et la méfiance laisse place à l’amour…

          Contrairement à Le Roi Lion qui avait fait polémique en réécrivant le texte des chansons, la traduction d’origine a été conservée pour La Belle et la Bête. La partition de 1992 a été agrémentée de huit nouvelles chansons, dont « Humains Comme Avant », utilisée pour la version longue du film lors de sa ressortie en 2002 suite à son succès dans le musical et connue alors sous le titre « Humains à Nouveau », seule chanson à avoir été réécrite. Si les chansons du film sont devenues intemporelles et n’ont rien perdu de leur superbe, les nouvelles compositions sont de qualité inégale. On ne retiendra ainsi que le magnifique « Apprendre à l’Aimer », véritable révélation du spectacle, les autres nouveautés s’associant trop à des dialogues chantés pour être véritablement mémorables. On regrettera également la composition limitée de l’orchestre, réduite à seulement sept musiciens, même si nous ne bouderons pas notre plaisir à entendre les fabuleuses mélodies du spectacle jouées en live.

          La mise en chantier de la production a été très tardive et le spectacle n’a été annoncé qu’en avril dernier. En effet, le choix de La Belle et la Bête s’est porté en toute hâte en remplacement de Mary Poppins, pour lequel la production n’a, dit-on officiellement, pas pu trouver les deux interprètes principaux malgré de longs castings. Fort heureusement, ce court délai n’a pas impacté la qualité du casting français de La Belle et la Bête, globalement remarquable. Manon Taris évoque une Belle plus vraie que nature, et affine le personnage de façon inédite avec sa voix claire et puissante. Malgré son jeune âge, Alexis Loizon propose une version de Gaston tout à fait convaincante et forme avec Alexandre Faitrouni (LeFou) un duo irrésistible. Mais le binôme vedette est sans aucun doute celui formé par Dan Menasche (Lumière) et David Eguren (Big Ben), qui illuminent le spectacle de leur talent. Le cas de Yoni Amar sera plus sujet à discussion. Non pas que le jeune homme soit dénué de talent, au contraire ! Mais sa voix douce et légère dénote avec la voix grave et forte du personnage animé. Il faudra donc se détacher du long-métrage pour apprécier la prestation de Yoni à sa juste valeur, et cette nouvelle Bête finalement plus sensible et donc plus touchante.

          La mise en scène est riche et ingénieuse, mais face au mastodonte qu’était Le Roi Lion, La Belle et la Bête peine à tenir la comparaison. Les tableaux s’enchainement avec fluidité, alternant les décors figés sur toile et les éléments solides, comme les grandioses colonnes et escaliers mobiles du château, mais semblent finalement moins dynamiques et impressionnants que les décors du Roi Lion. Il est vrai que nous héritons de la version 2005 du spectacle, pensée pour pourvoir partir en tournée. Si la plupart des éléments ont subit une cure de jouvence appréciable par rapport au show de 1994 vieillissant, nous ne pouvons qu’être déçu devant le traitement de certaines séquences, à commencer par le prologue, beaucoup trop facile pour être mémorable. Symétriquement, la fin du spectacle est trop courte pour être correctement appréciée, et la transformation finale de la Bête peine à impressionner. Au contraire, les séquences de la taverne et « C’est la Fête » enflamment le show par leur chorégraphie sophistiquée et leur dynamisme malgré l’exigüité de la scène.

          Le casting est magnifié par des costumes absolument incroyables, touchant la perfection pour la plupart. La version de 2005 est, dans ce domaine, une amélioration bienvenue par rapport à la production d’origine. Les objets enchantés sont le cadre de trouvailles visuelles et techniques étonnantes, à commencer par Lumière qui illumine la scène de ses véritables chandelles. Encore une fois, les choix effectués pour la Bête seront les plus discutés : difficile de retrouver la Bête majestueuse et bestiale du dessin-animé dans cette représentation plus intime et proche de Cocteau, et qui ne s’appréciera qu’en faisant suffisamment abstraction du dessin-animé.

          Porté par un casting mémorable, le musical s’impose par sa fraîcheur et sa magie, même s’il reste techniquement et musicalement un cran en dessous du Roi Lion, référence indétrônable dans le domaine. La Belle et la Bête est un spectacle absolument enchanteur pour l’ensemble de la famille. Malgré quelques imperfections scéniques,  le show, d’une habileté certaine, définit une fois de plus la qualité Disney dans le domaine du spectacle musical. A ne pas rater !

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