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1. Le Retour de Jafar En 1994 apparaît une nouvelle division destinée à produire des longs-métrages d'animation exclusivement pour le marché vidéo, connue aujourd'hui sous le nom de DisneyToon Studios sous l'impulsion de Mickael Eisner. Le premier produit qui en émerge est Le Retour de Jafar (The Return of Jafar), réalisé par Toby Shelton, Tad Stones et Alan Zaslove, qui fait directement suite au long-métrage Aladdin de 1992. On y retrouve Aladdin, qui doit de nouveau affronter le cruel Jafar, encore piégé par sa lampe magique. Le succès est immédiat et colossal: la vidéo s'écoule à 10 millions d'exemplaires ! Seulement, si Le Retour de Jafar plaît aux enfants qui peuvent retrouver leurs personnages favoris, les fans de la première heure déchantent rapidement.
(Gauche: Aladdin - Droite: Le Retour de Jafar: Les personnages perdent de leur couleurs...) En effet, techniquement, cette première suite pour le marché vidéo est un désastre. Produit avec un budget minimal, Le Retour de Jafar souffre de défauts évidents. L'animation est de piètre qualité, et bien entendu aucun des animateurs d'Aladdin premier du nom n'est présent au générique. Sans Alan Menken, les chansons perdent de leurs saveurs, le résultat est sans appel. Même les doubleurs originaux ont du mal à suivre ! Si on retrouve bien Scott Weinger pour Aladdin ou Jonathan Freeman pour Jafar, Robin Williams n'est plus de la partie. Celui qui faisait vibrer le Génie est remplacé par Dan Castelanetta qui n'a de toute évidence pas le même charisme. Finalement, Le Retour de Jafar ne sert que d'introduction à la série télévisée d'Aladdin qui suivra peu après, et dont il partage la piètre qualité. Financièrement, Le Retour de Jafar est donc un incroyable succès : les Studios Disney comprennent rapidement qu'avec un film au budget minimaliste on peut atteindre des sommets de vente. La machine est lancée... l'ère des Disney Video Première est née !
(Gauche: Aladdin - Droite: Le Retour de Jafar: Les décors perdent de leur profondeur...)
2. Les Années 1990 : Une Période Inégale Deux ans après Le Retour de Jafar, Aladdin, la Princesse Jasmine et le Génie sont de retour en août 1996 dans le troisième et dernier volet de la saga d'Aladdin : Aladdin et le Roi des Voleurs (Aladdin and the King of Thieves), réalisé par Tad Stones. Aladdin, sur le point de se marier, y retrouve son père Cassim, chef de la célèbre bande des quarante voleurs. Si cette suite n'admet aucune comparaison avec le chef d'œuvre original, il s'en tire néanmoins bien mieux que son prédécesseur, Le Retour de Jafar. Forte d'un scénario recherché et passionnant, la suite arbore une animation bien plus correcte. En outre, on retrouve Robin Williams sous les traits du fameux Génie, qui apporte une qualité indéniable au film. Ajoutez à cela de bonnes chansons, et on obtient une suite agréable, respectueuse de l'œuvre d'origine, clôturant du même coup la série animée télévisée.
Les progrès du Studio sont confirmés avec la suite suivante, Winnie L'Ourson 2: Le Grand Voyage (Pooh's Grand Adventure : The Search for Christopher Robin) de Karl Geurs, disponible dès août 1997. Au dernier jour des vacances d'été, Winnie et ses amis partent à la recherche de Jean-Christophe, qu'ils croient en danger dans l'inquiétante contrée du Crâne. La qualité de l'animation est au rendez-vous, le scénario est satisfaisant mais malheureusement, sans les frères Sherman, les chansons n'offrent aucune mélodie à retenir. Les ennuis arrivent avec la première suite du chef d'œuvre La Belle et la Bête, La Belle et la Bête 2: Le Noël Enchanté (Beauty and the Beast : The Enchanted Christmas) de Andy Knight. Belle, toujours captive de la Bête, s'obstine à vouloir fêter Noël, malgré l'interdiction formelle du maître de maison. Sortie en novembre 1997 aux Etats-Unis, la suite devient vite un best-seller ! Le Noël Enchanté est d'ailleurs la première suite du studio à être en réalité une midquel, c'est à dire que l'action se déroule au milieu du premier film. Et pourtant... aïe aïe aïe. Sans être aussi catastrophique que Le Retour de Jafar, La Belle et la Bête 2: Le Noël Enchanté accumule les défauts. L'animation est bancale, la plupart des chansons sans saveur. Pire que tout, la suite n'est qu'une simple opération marketing : avec pour thème principal Noël, elle sort... quelques jours avant le 25 décembre. Résultat : le scénario est restreint au possible, et seules quelques informations sur la nuit de la malédiction haussent légèrement le niveau. Encore une fois, de la mauvaise qualité émerge un gisement de bénéfices, et les studios se jettent à corps perdu dans l'exploitation du filon.
(De Gauche à Droite: La Belle et la Bête, La Belle et la Bête 2: Le Noël Enchanté, Le Monde Magique de La Belle et La Bête) Qui pensait alors que le pire était à venir ? Le troisième épisode de la saga de La Belle et la Bête, Le Monde Magique de La Belle et la Bête (Belle's magical world) est le résultat de la série avortée de La Belle et la Bête. On comprend dès lors le peu d'investissement qui fut promulgué à cette addition insipide de quatre petites histoires sans aucune magie. Sortie en février 1998, on l'oublia aussitôt... pour preuve on n'en fait aucune mention dans la liste numérotée de Disney France. Qu'importe, Pocahontas revient ! On va enfin connaître la suite de l'histoire d'amour entre Pocahontas et John Smith, laissé gravement blessé à bord du navire de la Virginia Company faisant voile vers Londres. En août 1998, les studios livrent Pocahontas 2: Un Monde Nouveau (Pochontas II : Journey to a New World), réalisé par Tom Ellery et Bradley Raymond. Pocahontas, chargée de sauver la paix entre son peuple et l'Angleterre, découvre Londres au bras du charmant John Rolfe. Pour les fans du premier opus, le coup est difficile à digérer : si l'histoire, les chansons et l'animation sont plus ou moins respectables, la scène finale -coup scénaristique audacieux- choquera pourtant des milliers de fans bien que restituant la réalité historique. De quoi casser à jamais la promesse "Je serai une flamme dans ton cœur, pour toujours" entre la princesse indienne et le colon anglais.
(Gauche: Pocahontas, Une Légende Indienne - Droite: Pocahontas 2: Un Monde Nouveau - Entre temps, notre héroïne change de boyfriend) Heureusement, la décennie s'achève avec la plus réussie des direct-to-video des années 90. En octobre 1998, Le Roi Lion 2: L'Honneur de la Tribu (The Lion King II : Simba's Pride) de Darrell Rooney et Rob LaDuca rugit en vidéo. La suite du dessin animé traditionnel le plus vu en salles est un succès colossal. Assurément, Le Roi Lion 2 était la suite la plus attendue d'un long-métrage Disney... et même de l'histoire du cinéma. Le résultat est là : la suite se hisse directement à la seconde place des ventes de vidéos de l'année, battue seulement par Titanic ! Encore aujourd'hui, Le Roi Lion 2: L'Honneur de la Tribu est le produit vidéo le plus vendu de l'histoire, avec 23 millions d'exemplaires écoulés dans le monde.
(Gauche: Le Roi Lion - Droite: Le Roi Lion 2: L'Honneur de la Tribu) D'un point de vue purement technique, la suite est une assez bonne surprise : la qualité d'animation est bien au rendez-vous et le scénario est travaillé (il y a du Roméo et Juliette dans l'air, l'ombre Shakespeare plane définitivement sur la saga). Timon et Pumbaa sont toujours aussi drôles et la bande son a été composée avec toute l'attention nécessaire. On y trouve notamment quelques pépites comme l'ouverture "He Lives In You", empruntée directement à la comédie musicale de Broadway. On suit avec attention les aventures de Kiara, la fille de Simba, qui s'est amourachée de Kovu, le fils adoptif de Scar. Le Roi Lion 2: L'Honneur de la Tribu est la première suite sur l'enfant du héros original, et la première à mettre en exergue le conflit intergénérationnel, bien trop souvent exploité dans les seconds opus à venir...
(Gauche: Pumbaa, Simba et Timon dans Le Roi Lion - Droite: Pumbaa, Kiara et Timon dans Le Roi Lion 2: L'Honneur de la Tribu) Ainsi, le début de l'ère des Disney Video Premiere est assez inégal. Une progression évidente est remarquée entre 1994 et 1997, pour chuter de plus belle par la suite. Le Roi Lion 2: L'Honneur de la Tribu finit relativement bien la décennie, et ouvre le bal pour la suivante, riche en œuvres en tout genre.
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