Lancée dans une série de préquelles depuis cinq ans, la saga X-Men s'est offerte une nouvelle jeunesse remarquée par la qualité de X-Men : Le Commencement (2011) et X-Men : Days of Future Past (2014). X-Men : Apocalypse s'inscrit comme le nouveau chapitre de cette trilogie inattendue, un intermède honnête mais qui peine à retrouver les étincelles de ses deux opus fondateurs.

 

 

Après les années 60 et les années 70, nous retrouvons les membres emblématiques des X-Men au coeur des années 80. Mais cette histoire débute en réalité bien avant, aux origines de la civilisation. En pleine Egypte ancienne, Apocalypse, le premier et plus puissant mutant du monde, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible. Ensevelli pendant plusieurs milliers d'année, Apocalypse fini par se réveiller et, désillusionné par le monde qu’il découvre, il réunit une équipe de puissants mutants pour nettoyer l’humanité et créer un nouvel ordre, sur lequel il règnera. Ainsi, X-Men : Apocalypse plonge dans un conformisme manichéen (un grand vilain se réveille de son long sommeil et veut dégommer tout le monde) bien éloigné des trames géopolitiques stimulantes de ces deux prédecesseurs. Les années 80 sont dès lors le décors quelconque d'une trame scénaristique qui aurait pu coller à toutes les décennies, là où Le Commencement et  Days of Future Past avaient su jouer habillement avec les grands événements de leurs époques.

 

 

Cet Apocalypse est bien évidemment un prétexte pour retrouver le dynamique casting introduit par Le Commencement, dont la qualité reste indéniable. Même si James McAvoy et Michael Fassbender font une nouvelle fois une excellente prestation dans les jeunes versions de Charles Xavier et Magneto, ce duo de tête est clairement éclipsé par la magnifique Jennifer Lawrence, qui n'a cessé de se révéler au fil des épisodes et impose dorénavent le personnage de Raven comme l'élément indispensable de la trilogie. Une montée en puissance qui se fait au détriment de ses anciens coéquipiers, seul Nicholas Hoult réussissant à préserver un peu de place à l'écran avec un Fauve toujours aussi efficace. Quelle place reste t-il donc pour les nouvelles recrues ? Difficile pour Sophie Turner (Jean Grey), Tye Sheridan (Cyclope), Alexandra Shipp (Tornade) et Kodi Smit-McPhee (Diablo) de passer après leurs illustres prédecesseurs, bien que l'on suive avec une nostalgie émouvante les débuts de ces héros emblématiques. Malgré son gros potentiel, le personnage de Psylocke, incarné par Olivia Munn, est injustement peu développé, tandis que l'Archangel de Ben Hardy passe à côté de tout intérêt. Arrêtons-nous maintenant sur le grand méchant, Apocalypse, dont l'étoile montante Oscar Isaac prête la carrure, malheureusement travesti par une couche de maquillage d'un goût discutable. La marge de manoeuvre est faible pour l'acteur qui doit poser sa prestation sur le concept peu inspirant de la domination mondiale, mais le job est fait et cette divinité égyptienne fini par inspirer une crainte et une puissance suffisante pour ébranler de façon crédible nos héros.

 

 

Le réalisateur Bryan Singer se retrouve t-il dépassé par sa propre saga ? Par la multiplication de ses personnages et un penchant inhabituel à la destruction de grande échelle, Singer se trahit dans sa volonté à construire son propre Avengers. Mais les recettes de l'Univers Cinématographique Marvel sont-elles applicables à celui des X-Men ? Déjà, la saga des mutants ne parvient toujours pas, après six films et trois spin-off, à construire une ligne directrice unique et rigoureuse. Les deux trilogies, par des incohérences incongrues et des recollages approximatifs, semblent vouées à ne jamais pouvoir exister ensemble sitôt que le public ne s'autorise pas une certaine souplesse. L'âge des protagonistes pose dans ce contexte un problème de taille, alors que vingt années sont sensées s'être écoulées entre Le Commencement et Apocalypse. Que Jennifer Lawrence nous donne la marque de sa crème anti-rides ! Passés ces quelques efforts, tout n'est pas à jeter dans ce nouvel opus, en particulier sa scène d'ouverture magistrale et son combat final épique. Singer s'offre également un caméo savoureux dont l'objet a été incompréhensiblement trahit par la dernière bande-annonce. Enfin, John Ottman offre une composition musicale dans la lignée de Days of Future Past, dont le thème principal conserve avec bienveillance le lyrisme de la bande-originale d'X-Men 2.

 

Ni excellent ni vraiment mauvais, X-Men : Apocalypse ne s'impose guère plus que comme un chapitre honnête de la saga. Les facilités scénaristiques, en particulier sur les motivations du méchant, s'opposent aux qualités d'écriture des deux précédents opus, faisant d'Apocalypse un film de super-héros classique et attendu, mais non moins très plaisant à suivre. Demeurent les jolies scènes d'action et l'excellent casting, avec l'introduction de nouveaux éléments prometteurs dont des aventures prochaines pourraient, on espère, assoir l'adoption.