Huit ans après les premières aventures de
Vaiana,
la légende se poursuit au cinéma avec
Vaiana 2, qui fut un temps développé en tant que série pour la
plateforme de streaming Disney+. Supporté par le gage de qualité des
prestigieux Walt Disney Animation Studios le format du projet a été
finalement repensé pour les salles obscures, avec l'envie évidente
de capitaliser au maximum sur l'une des franchises les plus
populaires de ces dix dernières années.
C'est avec un plaisir indiscutable que
Vaiana 2 nous replonge dans les légendes du bout du monde, qui
se déroule trois ans après le voyage initiatique du premier opus.
Cette ellipse temporelle sera la seule vraie originalité de cette
suite, permettant de faire évoluer le personnage si attachant de
Vaiana, maintenant devenue jeune adulte. Pour le reste, la trame de
l'histoire reste très classique et suit de très (trop) près le
schéma du premier film. Vaiana reçoit un mystérieux appel de ses
ancêtres pour réunir les différents peuples éparpillés dans le
Pacifique, sans quoi leur monde serait voué à disparaître. De quoi
justifier, de manière assez grossière, un nouveau voyage initiatique
à la découverte de l'océan. Si ce scénario basique aurait pu
bénéficier d'un joli développement sur une série de plusieurs
heures, le film de 1h30 se concentre sur l'essentiel, et enchaine
les facilités sans profondeur ou prise de risque. Là où La Reine des
Neiges II étendait significativement la mythologie d'Arendelle,
Vaiana 2 reste derrière les limites rassurantes de la barrière
de corail, et ne fait qu'effleurer l'incroyable potentiel des mythes
polynésiens. Reste le joli (mais pas très subtil) message
autour de l'importance du travail d'équipe et du vivre ensemble.
Heureusement, les Walt Disney Animation Studios peuvent se
reposer sur les acquis du premier opus, à commencer par le binôme
inoubiable formé par la jeune Vaiana et son improbable compagnon de
voyage Maui, toujours aussi charismatique (il appréciera). Pua et
Hei Hei conservent leur statut de sidekick humoristique. Face à ce
quatuor de tête, les nouveaux personnages peinent à se démarquer, le
studio ayant pris la mauvaise habitude de multiplier ses personnages
secondaires, quitte à s'y perdre. Les nouveaux compagnons de voyage
de Vaiana, la dynmaique Loto, le vieux grincheux Kele et Moni le
super fan du demi-dieu Maui sont certes sympathiques mais
fortement dispensables, sans oublier une petite soeur Simea dont la
présence ne se justifie dans le scénario que par la vente de
poupées. La déception est d'autant plus sensible au sujet de
Matangi, un protagoniste mystérieux et charismatique, dont le
potentiel est clairement sous-traité (dans l'attente d'un 3ème opus
?).
Techniquement,
Vaiana 2 est irréprochable. Dépaysement garanti avec une
photographie et encore plus aboutie que la superproduction de 2016.
La réalisation est fluide et dynamique, offrant de belles séquences
dans l'alternance d'un clair obscur très appréciable (les couchers
de soleil feraient pâlir le plus aguéri des instagrameurs). Les
couleurs du ciel et de l'océan sont tout simplement magnifiques, au
profit d'une animation toujours aussi maîtrisée. Les musiques de
Opetaia Foa'i et Mark Mancina
achèvent de donner toute leur splendeur à ces tableaux, dans une
continuité tout à fait honorable avec le premier opus.
Malheureusement, les nouvelles chansons peinent à se hisser à la
hauteur des tubes de
Vaiana,
seule la chanson phare "Aller plus loin" tire son coquillage de
l'océan. On retrouve avec joie Cerise Calixte et
Anthony Kavanagh dans leur rôle iconique, un
plaisir qu'ils partagent indéniablement avec le public.
Malgré un transfert fluide de la série avortée vers un
long-métrage,
Vaiana 2 déçoit par son manque d'audace et assure le service
minimum. La beauté des images, l'attachement à nos héros cultes et
la magie de la musique ne seront pas suffisants pour absorber les
facilités du scénario et la déception d'une mythologie à peine
effleurée. Un potentiel qui aurait pu... aller plus loin !