Sept ans après leur dernier film pour les Walt Disney Animation Studios avec La Princesse et la Grenouille, les réalisateurs John Musker et Ron Clements livrent leur nouveau long-métrage d'animation Vaiana : la Légende du Bout du Monde. En plein nouvel age d'or, il convient à Vaiana de perpétrer les succès de ces dernières années, avec pour point d'orgue l’indétrônable La Reine des Neiges et son milliard de dollars de recettes mondiales. Indéniablement, Vaiana est la digne héritière d'Elsa avec un film qui tient toutes ses promesses, dans la pure tradition des classiques Disney.

 

 

Solidement construit, le synopsis de Vaiana : la Légende du Bout du Monde s'inspire des anciennes légendes polynésiennes peu connues des occidentaux. En effet, il y a trois mille ans, les plus grands marins du monde voyageaient dans le sud du vaste océan Pacifique à la découverte des innombrables îles de l’Océanie. Mais pendant le millénaire qui suivit, leurs voyages cessèrent et personne ne sait pourquoi... Ce constat sert de fondement à l'histoire de Vaiana. Vaiana, la fille du chef de l'île de Motunui, se lance dans un voyage audacieux pour prouver, à elle-même et au monde, qu’elle est une formidable exploratrice et accomplir la quête inachevée de ses ancêtres. Au cours de son aventure, elle va rencontrer Maui, un demi-dieu autrefois puissant. Ensemble, ils vont traverser l’océan et accomplir un voyage riche en péripéties et rencontrer d'énormes créatures marines et de redoutables épreuves...

 

Le voyage, l'aventure et le dépaysement sont ainsi les points fort de l'histoire de Vaiana. Le récit idéalement construit ne souffre d'aucune baisse de rythme et se laisse suivre avec un plaisir certain bien que son schéma soit assez traditionnel. En effet de nombreux éléments de Vaiana : la Légende du Bout du Monde sont des échos à certaines productions passées du studio. On relèvera notamment certaines similitudes avec Pocahontas, Une Légende Indienne, comme l'appel de la nature ou le conflit inter-générationnel. Les touches d'humour distillées tout au long du film sont bienvenues et font souvent mouche, basées pour la plupart sur les compagnons d'aventures devenus sources de gags habituels dans ce genre de production.

 

 

Si La Reine des Neiges embarquait le spectateur dans les paysages enneigés d'Arendelle, Vaiana est à l'opposé et transporte le spectateur vers les îles tropicales et colorées d'Océanie. Toute l'atmosphère du film rend ainsi hommage à la culture polynésienne, l’attestent les nombreux voyages de recherche entamés par le duo de réalisateurs et les équipes de production. Vaiana : la Légende du Bout du Monde est une ode à la nature, faisant de l'Océan un personnage à part entière dans le film.

 

La jeune Vaiana est bien entendu la révélation du film. Absolument moderne, elle s'inscrit dans la veine des dernières héroïnes du studio fougueuses et aventurières. Point de demoiselle en détresse ici – ni de prince d'ailleurs – mais une jeune femme qui prend son destin en main pour sauver sa famille et son village. Au tempérament de feu et au design particulièrement réussi, Vaiana fait une entrée remarquée dans la famille des héroïnes Disney ! La jeune Cerise Calixte, révélée dans l'émission de télévision The Voice, double le personnage avec beaucoup de fraîcheur et d'espièglerie. Capable de se transformer en animal grâce au pouvoir de sa lance magique, Maui est un personnage masculin atypique. Imbu de sa personne et désireux d'être aimé des Hommes, le demi-dieu du vent et de la mer est un héros au capital sympathie indéniable. Le petit Maui figurant parmi ses tatouages est une excellente trouvaille aussi bien visuelle que comique. Habitué aux doublages, notamment chez Disney, le canadien Anthony Kavanagh prête sa voix à Maui pour le doublage français. Le petit cochon Pua et le coq Hei-hei remplissent la fonction de side-kicks. Les personnages sont un ressort comique évident mais leur rôle s'arrête malheureusement là. Relégués au rang de faire-valoir humoristique, ils participent peu à l'évolution du récit et leur présence paraît donc peu justifiée. Il reste finalement peu de personnages à présenter dans ce long-métrage en dehors de la famille de l'héroine. Son père, Tui le chef du village, sage et protecteur est traité avec une appoche finalement peu inédite (qui a parlé de Powathan ou du Roi Triton?). Vaiana bénéficie également de l'amour d'une mère bienveillante (et pour une fois bien vivante!) et de sa grand mère, Tala absolument divine d'espièglerie.

 

 

La nature est magnifiée par un rendu d'animation 3D absolument époustouflant. Les studios Disney sont techniquement infaillibles sur Vaiana, aussi bien pour les textures des décors ou le rendu de l'océan. Les cheveux de Vaiana sont à eux seuls un défi technique parfaitement relevé. Certaines scènes impressionnent réellement, comme la bataille finale avec le démon Te Ka, montagne de lave en fusion au sein de l'océan. Un régal pour les yeux !

 

Indéniablement, la force de Vaiana : la Légende du Bout du Monde réside dans ses chansons et sa bande sonore absolument réussies ! Chaque titre composé par Opetaia Foa'i, Mark Mancina et Lin-Manuel Miranda est un potentiel tube dans la grande lignée des films musicaux des années 90 comme La Petite Sirène ou Le Roi Lion. Les hymnes polynésiens ensoleillés et les autres chansons sont distribuées de façon homogène et participent à l'avancée du récit. Le lead-single, « Le Bleu Lumière » (« How far I'll Go » en VO) est la chanson où Vaiana rêve de voyages et d'aventures. Il s'agit indéniablement de l'héritière du désormais culte « Libérée, Délivrée ». Le studio mise à l'évidence tout sur ce titre qui sera repris à deux reprises dans le film et dont la version pop interprété par la chanteuse Alessia Cara sert de générique de fin. La dernière reprise du titre, chargée en puissance, est le moment d'émotion intense du film. On notera également comme titre fort « Pour les Hommes » interprété par Maui au rendu visuel 2D original et parfaitement calibré pour Broadway.

 

Vaiana : la Légende du Bout du Monde est une franche réussite. De part la fraîcheur de son scénario emprunt d'aventures, son héroïne charismatique, ses décors exceptionnels et ses chansons entêtantes, un nouveau classique instantané est né. Digne héritier de La Petite Sirène ou Pocahontas, Une Légende Indienne, le 56ème long-métrage des studios d'animation Disney poursuit le quatrième Âge d'Or avec panache et pourrait bien marquer les esprits comme un certain La Reine des Neiges l'avait fait il y a 3 ans...

 

 

Il y a quelques jours nous avons rencontré dans un palace parisien l'équipe de Vaiana : La Légende du Bout du Monde à l'occasion de la sortie du 56ème long-métrage d'animation Disney. La première partie de la conférence de presse était consacrée au doublage français du film avec la présence de Cerise Calixte, interprète de Vaiana, Anthony Kavanagh, alias Maui et Mareva Galanter voix de Sina, sous la direction de Boualem Lamhene, superviseur artistique du doublage français chez Disney France.

 

 

Boualem Lamhene : Que ressentez-vous lorsque Disney vous contacte pour vous annoncer que vous allez doubler un personnage dans le nouveau film d'animation Disney ?

Cerise Calixte : J'étais hyper émue, quand j'ai été appelée et qu'on m'a dit que serai la voix de Vaiana, le stress est redescendu et je me suis dit que j'allai réaliser un rêve. J'étais très impatiente de commencer.

Mareva Galanter : J'étais super contente, je me suis dit que j'allais peut-être jouer un crabe ou un cocotier ! Puis quand Boualem m'a raconté l'histoire de Vaiana, j'étais évidemment plus qu'enthousiaste et touchée car je suis née à Tahiti, et ce film est extrêmement fidèle à ma culture. C'était comme un cadeau.

Anthony Kavanagh : Et bien Mareva tu m'as sorti le mot de la bouche : c'est un cadeau. Ce personnage a tout : il est drôle, de mauvaise foi, attachant, touchant, généreux, hyper égocentrique, à la fois superstar et enfant. En plus il chante et rappe ! Boualem m'a dit que Maui allait être le plus beau rôle qu'on m'ait offert dans un film d'animation (c'est mon dixième) et il avait totalement raison. J'ai également réalisé un rêve en assistant à une première avec mon fils qui vient d'avoir sept ans pour un film dans lequel il a pu entendre la voix de papa.

 

Presse : Si votre enfant vous demande les tatouages de Maui, que lui répondez-vous ?

Anthony Kavanagh : Je lui dis ça a marché pour M Pokora, ça peut marcher pour toi !

Mareva Galanter : Les tatouages sont très emblématiques de la culture polynésienne. S'il veut faire les mêmes, je ne suis pas sûr, mais s'il y a une signification importante pourquoi pas ! Pratiquement tous les tahitiens sont tatoués.

 

 Presse : Mis à part les longs cheveux, quels sont vos points communs avec vos personnages ?

Anthony Kavanagh : Son côté extraverti !

Boualem Lamhene : Maui est un personnage très extraverti et rock'n'roll mais aussi profondément sensible, comme Anthony !

Mareva Galanter : Je ne connais pas suffisamment bien Anthony personnellement mais quand j'ai vu le film, j'ai trouvé son personnage très attachant, et Anthony l'a extrêmement bien doublé.

Cerise Calixte : Moi ce serait sa force de caractère.

Mareva Galanter : Moi, la douceur et la tendresse d'une maman, et l'amour de faire découvrir mon pays, tout simplement.

 

Presse : Cerise, que ressentons à l'idée d'interpréter une héroïne Disney qui va devenir emblématique pour une génération d'enfants et d'être le nouveau cauchemar des parents avec « Le Bleu Lumière » après « Libérée, Délivrée » ?

Cerise Calixte : Petite, je regardais les films Disney, et je n'imaginais pas qu'il y avait quelqu'un derrière qui lui prêtait sa voix. On est vraiment dans le monde de l'imaginaire et la magie ? Contribuer à cette magie est une grande fierté pour moi. Après, je n'ai pas peur de devenir le cauchemar des parents et j'espère en secret que Le Bleu Lumière va vraiment marcher autant que « Libérée, Délivrée ». Je tiens d'ailleurs à dire qu'il y a d'autres très belles chansons dans le film, notamment celle de Maui, interprétée par Anthony. Je propose donc aux parents d'écouter en boucle l'ensemble des chansons pour éviter la lassitude.

Boualem Lamhene : Une précision, tous les rôles sont parlés et chantés dans ce film : Mareva, Cerise et Anthony chantent tous les trois.

 

Presse : De quelle manière vous inspirez-vous des voix originales interprétées par Dwayne Johnson (Maui), Auli'i Cravalho (Vaiana) et Nicole Scherzinger (Sina) ? Quel est votre apport personnel dans votre travail de doublage ?

 Anthony Kavanagh : J'ai appelé Dwayne Johnson et je lui ai dit que son travail était nul, qu'on allait faire mieux en français ! Il m'a répondu "Who are you?" et a raccroché. Plus sérieusement, Boualem a été super cool, il m'a dit qu'il ne voulait pas que je sois Dwayne Johnson mais moi-même. J'ai pu ajouter ma patte, il m'a laissé improviser, notamment sur la scène du requin dans laquelle j'adopte une voix différente qui n'existe pas en anglais. C'était un réel bonheur.

Cerise Calixte : Nous avons une certaine liberté. Les images sont déjà très parlantes d'elles même, je me suis beaucoup inspirée de ce que je voyais à l'image. J'ai écouté le doublage d'Auli'i qui m'inspirait par moment, parfois moins suivant nos différences de culture. Il faut savoir s'adapter à notre langue et culture. J'ai pu prendre mon temps et essayer de nombreuses choses : 'est un véritable travail de comédienne.

Boualem Lamhene : Notre travail s'inscrit dans le temps et va rester vivant pendant des années, on ne peut se permettre de faire un travail approximatif !

Mareva Galanter : Les séances en studio prenent beaucoup de temps. Nous sommes accompagnés par une équipe artistique très professionnelle. Oui, nous écoutons les voix originales mais le français sonne si différemment qu'il faut s'adapter.

Anthony Kavanagh : La musicalité est différente !

 

Presse : Qu'appréhendiez-vous le plus pour ce doublage ?

Anthony Kavanagh : C'est la première fois que je prête ma voix à un être humain et non un animal. D'ailleurs, Maui chante, et c'est la première fois que je galère en studio. « Pour les Hommes » n'est pas du tout évidente, il faut chanter, rapper, il y a un débit de mots très rapide, avec plus de paroles qu'en anglais mais avec le même rythme. J'ai fini par réussir à la fin mais il y a eu de nombreuses prises !

Cerise Calixte : Étant habituée à enregistrer des chansons en studio, j'appréhendais surtout la voix parlée. Au final, nous avons vraiement de temps et plus le film avance, plus on s'identifie au personnage et ça devient facile.

Anthony Kavanagh : Et salutations aux deux directrices de plateau qui nous ont parfaitement dirigé : Barbara Tissier (chanson) et Claude Lombard (paroles).

Mareva Galanter : La chanson fut mon plus grand défi car je n'ai jamais chanté de chanson comme ça qui n'est pas dans ma tonalité ni mon style habituel. Et grâce aux conseils de l'équipe, ça s'est bien passé.

 

Presse : Ce travail vous a-t-il donné envie de renouveler l'expérience avec des personnages chantants. Quel est la partie du film que vous avez préféré ?

Cerise Calixte : Évidemment, cela m'encourage à continuer à chanter et je doublerais à nouveau avec plaisir. J'ai particulièrement aimé les scènes avec Grand-mère Tala, la relation que Vaiana entretien avec sa grand mère me parle et m'a beaucoup touchée. J'ai également beaucoup apprécié la scène où Maui explique ses tatouages à Vaiana que j'ai trouvé très touchante.

Anthony Kavanagh : Je veux définitivement continuer à chanter et mes scènes préférées sont toutes celles où je balance Vaiana dans l'eau !

Mareva Galanter : J'adore également les passages avec la grand-mère. La relation entre les enfants et leurs grands-parents est très forte à Tahiti. J'étais présente à l'avant-première tahitienne et j'ai eu beaucoup de retours d'enfants qui ont pleuré devant les passages entre Vaiana et sa grand-mère.

 

Presse : Cerise, comme votre personnage, vous avez sans doute connu des doutes et des échecs dans votre vie et su vous relever, quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui peuvent vivre la même chose ?

Cerise Calixte : J'ai eu la chance d'être très bien entourée par ma famille et d'avoir un tempérament très joyeux. Quand je tombe je me relève très facilement. Les échecs me permettent d'avancer, comme Vaiana qui trouve toujours le moyen de dépasser chacun des obstacles qu'elle rencontre.

 

Presse : Cerise, en quoi Vaiana est-elle différente des autres héroïnes Disney ?

Cerise Calixte : Elle vient des îles du Pacifique et c'est une femme forte qui n'a pas besoin d'un homme : il n'y aucune histoire d'amour, elle pense avant tout à son peuple, ses amis et sa famille ! Anthony Kavanagh : Un très beau modèle pour les jeunes filles. Girls power !

 

Presse : Le film rend hommage à la nature, quelle est votre implication concernant ce sujet ?

Mareva Galanter : Venant de Tahiti, le lien avec la nature est plus important et on y est sensibilisé dès l'école. J'ai participé à des campagnes pour WWF et je suis marraine de l'association Un Défi Pour la Terre de Nicolas Hulot pour la polynésie, sans compter tous les gestes du quotidien. L'environnement me touche, d'autant plus depuis que je suis maman.

Cerise Calixte : J'ai eu l'occasion de promouvoir l'écologie lors de mon voyage à Tahiti pour le film. Nous avons notamment pu aller dans un centre de soins pour tortues et je suis très fière de parler de ces causes en France. Je vais bientôt entamer une tournée dans des classes d'école pour en parler.

Anthony Kavanagh : Mon engagement est quotidien, surtout auprès de mes enfants à qui j'apprends l'importance du tri sélectif, de la lutte contre le gaspillage alimentaire. J'ai également soutenu Arash Derambarsh qui a lutté pour la création d'une loi pour que les supermarchés ne gaspillent plus leur nourriture.

 

Presse : Les versions françaises des films d'animation Disney sont unanimement appréciées et les chansons reconnues comme de grands classiques. Comment travaillez-vous ces adaptations et passez-vous par exemple de « How Far I'll Go » au « Bleu Lumière » ou de « You're Welcome » à « Pour les Hommes » ? Comment choisissez-vous les comédiens de doublage ?

Boualem Lamhene : Nous collaborons avec des auteurs et des traducteurs. Disney Music Group nous envoie des États-Unis les chansons à adapter pour la sortie de l'album et nous nous accordons avec leur équipe. Je travaille très étroitement avec Virginie Courgenay avec qui nous écoutons les chansons de nombreuses fois afin d'insuffler les premières idées de traduction aux auteurs qui vont travailler sur l'adaptation des chabsons. C'est un vrai travail, il faut tenir compte du message, de l'interprétation et de la synchronisation labiale. C'est un travail long et fastidieux mais on y consacre du temps et de l'énergie. Pour le casting, nous faisons des ateliers de réflexion avec l'équipe, en regardant le film que nous avons le privilège de voir bien avant sa sortie. Cela nous permet de faire des listes de choix potentiels que nous partageons avec les autres services de The Walt Disney Company afin de s'assurer un casting à la hauteur. Pour le personnage de Vaiana, Cerise n'avait jamais fait de doublage mais excellait dans la comédie musicale. Elle était très à l'aise en chanson. J'ai entendu sa voix bien avant de la voir physiquement, cela a donc été une surprise qu'elle ressemble au personnage. Travailler avec Anthony était différent : on le voulait dès le départ car ce n'était pas la première fois et que c'est un showman. Et pour Mareva, contrairement à ce qui a été lu dans la presse, nous ne l'avons pas choisie pour nous rattraper à la dernière minute parce que nous n'avions pas un casting polynésien. C'était une idée que nous avions depuis très longtemps et nous voulions lui proposer le rôle de Sina : elle est polynésienne, jolie, sympa, talentueuse, c'est une super ambassadrice et nous sommes ravis d'avoir collaboré avec elle.

 

La seconde partie de l'entretien se concentrait sur l'équipe derrière le film à savoir ses deux réalisateurs, John Musker et Ron Clements, ainsi que sa productrice Osnat Shurer.

 

 

Presse : Comment forme-t-on une équipe pour réaliser un film comme Vaiana, la Légende du Bout du Monde avec des lieux, un imaginaire et une culture peu explorés par le studio jusqu'ici ?

Ron Clements : Notre chef John Lasseter adore les recherches et un grand travail a été effectué pour notre film. Nous avions envie de parler de cet univers des îles du Pacifique, et il y a cinq ans, quand nous avons présenté l'idée à John Lasseter, il nous a poussé à en apprendre d'avantage. Nous avons donc visité les îles de Samoa, les Fidji, Tahiti et bien d'autres. Nous avons appris entre autre l'histoire de la navigation et compris à quel point l'océan était un facteur important, qu'il était considéré comme un être vivant par ces peuples. Tout tourne autour du respect de la nature, du passé, des ancêtres et cela à profondément influencé notre film.

 

Presse : Osnat Shurer, qu'avez vous ressenti à l'idée de travailler avec ces talentueux réalisateurs ?

Osnat Shurer : C'était un honneur de travailler avec ces deux réalisateurs de légende dont je connais tous les films, certains avec lesquels j'ai grandi. Il ne faut pas oublié que l'art de l'animation repose avant tout sur la collaboration par excellence. Dès le départ nous avons travaillé avec des scénaristes, des animateurs fantastiques mais aussi toutes ces personnes que nous avons rencontré dans les îles du Pacifique : les experts, les archéologues, les tatoueurs... Une équipe que nous avons appelé notre "Oceanic Story Trust" qui découle de notre équipe "Story Trust" initiale chez Disney où tous nos réalisateurs se concertent pour s'assurer que nos films soient les meilleurs possibles. Aussi, notre premier scénariste venait du Pacifique, ainsi que certains de nos musiciens.

 

Presse : Pourquoi avoir choisi d'animer Mini Maui en animation traditionnelle plutôt qu'en images de synthèse comme le reste du film ?

John Musker : Nous adorons l'animation traditionnelle. Ainsi, Mini Maui mais également la séquence d'ouverture sont animés à la main par Eric Goldberg. Effectivement dans l'art de ces iles il n'y a pas vraiment de peintures mais plutot une culture du tatouage. Nous étions très emballés à l'idée d'intégrer un mini Maui tatoués sur son corps, un alter-ego qui fait office de conscience à la Jiminy Cricket. Celui ci à permis d'intriduire une voie qui le contredise, mais c'est aussi un allié pour Vaiana, et ce malgré Maui. Nous avons adoré l'idée de fusionner ces deux techniques d'animation.

 

 Presse : Vaiana semble être un mixte de plusieurs héroïnes Disney déjà connues. Est-ce le début d'une nouvelle ère en faisant de Vaiana une héroïne dans l'ère du temps ?

Ron Clements : Nous avons nous même crée de nombreuses héroïnes Disney auparavant telles que Ariel, Jasmine ou Tiana. Mais je crois que Vaiana est vraiment unique. Son voyage est vraiment héroïque, elle n'est pas dans une quête amoureuse mais veut sauver son peuple. Il s'agit donc vraiment d'une héroïne d'action. D'ailleurs à travers le film elle doit faire face à beaucoup d'épreuve : son courage, son endurance, sa compassion sont mis à l'épreuve. Elle doit faire ses preuves pour devenir la personne qu'elle est destinée à être. C'est ce qui fait d'elle une héroïne d'un nouveau genre en quelques sortes.

 

Presse : Le film semble s'imprégner de l'héritage de deux précédents films. Vous avez réalisé La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers qui est aussi un film d'aventure dans lequel le héros voyage avec son mentor qui ne coopère pas toujours. Également, la séquence L'Oiseau de Feu de Fantasia 2000 semble vous avoir inspiré.

John Musker : L'Oiseau de Feu de Fantasia 2000 nous a effectivement inspiré. Mais il a d'autres référence comme avec La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Il s'agit également d'un road-trip a avec deux personnages sur un bateau qui entretiennent une relation de mentor. Mais la différence entre Jim Hawkins et Vaiana est que Jim a une famille particulière : il a perdu son père et cherche à se trouver une raison de vivre. Vaiana a de bonnes relations avec ses parents.

Ron Clements : A noter au passage qu' à l'inverse des autres héroïnes, Vaiana a ses deux parents !

John Musker : Ces deux films ont des similitudes par le voyage entrepris chez un adolescent en quête mais les thèmes culturels abordés sont différents. Ne pas oublier également que Vaiana est une comédie musicale, ce qui n'était pas le cas de La Planète au Trésor.

 

Presse : Les graphismes sont plus que réalistes (les cheveux, l'eau, etc.). Jusqu'à quel point un film d'animation peut peut être réaliste pour qu'il se différencie suffisamment d'un film à prises de vues réelles ? Vous imposez-vous une limite ?

John Musker : On a effectivement parfois l'impression que l'animation assistée par ordinateur devient trop réelle. Nous avons essayé de nous éloigner de l'hyper-réalisme. Nous avons voulu avoir des détails très précis dans les décors et l'animation, mais nous restons surffisament proche de la caricature. Nous cherchons cette subtilité propre à l'animation. Par exemple, l'océan est montré de façon réelle dans son aspect, sa forme, ses reflets, tout en étant un personnage animé à part entière faisant de lui un « hybride ». De plus nous avons ramené de nombreuses photographies de nos voyages, mais nous avons poussé cette réalité dans le film, nous ne voulions pas simplement dupliquer les formes et les couleurs mais aussi s'imprégner des émotions qu'elles dégagent.

 

Presse : Peut-on imaginer un univers partagé entre les films d'animation des Walt Disney Animation Studios à l'instar de ce que fait Marvel ?

Ron Clements : Non c'est impossible.

John Musker : Mais il y a ce que nous appelons des "Easter Eggs".

Osnat Shurer : Ce sont des clins d'œils fait à d'autres films que vous pouvez trouver si vous regardez très attentivement. Mais un univers partagé est impossible car nos histoires se passent dans des univers et des époques différentes, sans compter les styles visuels qui sont très variés. Créer un crossover est donc plutôt improbable, à moins de le faire pour le fun, comme dans la série Once Upon a Time.

Ron Clements : Cependant, restez à l'affût du prochain film, Les Mondes de Ralph 2, dans lequel Ralph se rend dans le monde d'Internet. Je n'en dirai pas plus !