Rares sont les franchises qui ont connu une aussi grande
longévité (43 ans) avec seulement trois films. Il faut dire que ce
fameux TRON : Ares s'est fait (très) largement attendre, et arrive
de façon presque inespérée après 15 ans de dormance. Que les fans de
la saga se réjouissent : cette longue attente en valait la peine !
Deux puissantes entreprises rivales, ENCOM et Dillinger Systems,
s'affrontent dans une course technologique : qui trouvera le fameux
code de permanence hérité de Kevin Flynn, qui permettrait aux
programmes numériques matérialisés de vivre de façon pérenne dans le
monde réel. Julian Dillinger, héritier du légendaire Ed Dillinger,
vient d'ailleurs de dévoiler au monde Ares, une intelligence
articificielle conçue comme un soldat parfait. Dès les premières
minutes, le spectateur est happé par un univers toujours plus vaste
et complexe, sublimé par une mise en scène vertigineuse et un sens
de l'esthétisme remarquable. C'est propre, c'est puissant, c'est
dynamique. Joachim Rønning prend la relève de
Joseph Kosinski avec brio, pour un spectacle visuel maîtrisé et une
direction artistique respectueuse de son héritage.
Le respect pour le film fondateur de 1982 est d'ailleurs palpable
: clins d'oeil, hommages visuels et références disséminées feront le
bonheur des fans, jusqu'à la participation ultime de l'iconique Jeff Bridges.. Un revisionnage des deux premiers
opus s'avère d'ailleurs bienvenue pour capter tous les enjeux.
Malheureusement, et probablement à causes de contraintes évidentes,
la mytholgie développée dans
TRON : L'Héritage, en particulier
celle autour des ISOs, reste largement sous-exploitée si ce
n'est effacée. Sa conclusion donnait pourtant une passerelle révée
pour ce 3ème opus, même si quelques easter eggs bien dissimulées
laissent entrevoir une connexion future.
Le monde a bien changé depuis les évènements de
TRON : L'Héritage, et résonne déjà comme un écho troublants aux
boulversements technologiques que connaît notre propre monde baigné
par les IA. Comme souvent dans les récits mélant technologies
avancées et ambitions grandioses, des raccourcis narratifs
subsistent, mais ne boudons pas notre plaisir :
TRON : Ares a décidé
de passer à la vitesse supérieure pour enfin tenir une promesse
esquissée dès la conclusion de
TRON : L'Héritage et que l'on osait
plus espérer. Jared Leto, dans le rôle titre,
insuffle à son personnage un mélange de charisme et de mystère qui
porte le film. Loin de surjouer l'IA torturée, l'acteur rend son
personnage intriguant, ambivalent, finalement si humain dans ses
doutes. L'alchimie est palpable avec Greta Lee, dont le
personnage est certes plus convenu mais ancre le binome dans la
détermination de l'humanité. On retrouve avec plaisir Evan
Peters
qui incarne un antagiste nuancé et sous pression.
La bande-originale signée Nine Inch Nails vient
électriser l'ensemble, plus brute et industrielle, et probablement
moins mémorable que la musique mythique des Daft Punk. La partition
reste parfaitement en phase avec l'identité sombre et introspective
de ce nouvel opus.
Les Studios Disney rouvrent les portes de la Grille avec un 3ème opus
audacieux, visuellement hypnotique et résolument ancré dans son époque. TRON : Ares propulse
la franchise dans une nouvelle ère, celle des intelligences artificielles et des
dilemnes humains face à la technologie qu'ils ont créée.
