Six ans après Thor et quatre ans après Thor : Le Monde des Ténèbres, le Dieu du Tonnerre revient dans un troisième opus dynamique coloré. Une 17e production qui marque l'une des plus grosses ruptures qu'ait connu l'Univers Cinématographique Marvel.

 

Malgré une élipse temporelle de quelques années (on avait quitté Hulk deux ans plutôt dans le Quinjet d'Avengers : L'Ere d'Ultron), Thor : Ragnarok semble démarrer dans la directe continuité de Le Monde des Ténèbres. Thor revient enfin sur Asgard alors que Loki a usurpé le trône d'Odin depuis des années. Mais les retrouvailles sont de courtes durées car les deux frères doivent unir leurs forces contre Hela, la Déesse de la Mort, libérée de sa prison pour conquérir le trône. Mais Thor est rapidement emprisonné à l'autre bout de l'Univers sans son fameux marteau et s'il souhaite sauver Asgard de Ragnarok, il lui faudra d'abord affronter son ancien ami l'incroyable Hulk dans un combat gladatorial à mort pour regagner sa liberté.

 

 

D'une façon générale, Thor : Ragnarok marque une véritable rupture par rapport aux précédents opus de la saga. Par son histoire d'abord, puisque l'essentiel du scénario ne se déroule pas sur Terre, mais sur Asgard ou sur une nouvelle planète appelée Sakaar Dès lors, les éléments laissés en suspend par Le Monde des Ténèbres sont (très) vites expédiés, afin de nous recentrer vers une trame complètement inédite. Une évolution qui impose un sacré renouvellement de casting au passage, puisque ni Jane Foster (Natalie Portman), ni le Dr Erik Selvig (Stellan Skarsgard) ou Darcy Lewis (Kat Dennings) ne font partie de cette aventure. L'occasion d'apporter de nouveaux visages à la saga, à commencer par Cate Blanchett, somptueuse et redoutable déesse Hela. Première méchante de l'Univers Cinématographique Marvel, Hela représente une menace puissante et crédible pour Asgard, de quoi oublier le peu charismatique Malekith du Monde des Ténèbres. Tessa Thompson est l'autre atout féminin du film, incarnant la valeureuse et sexy Valkyrie. En revanche, les nouveaux personnages masculins déçoivent, en particulier Jeff Goldblum qui campe un Grand Maître caricatural et peu impressionnant. Heureusement, Chris Hemsworth (Thor), Tom Hiddleston (Loki) et Idris Elba (Heimdal) offrent la dose de testostérone attendue d'une aventure asgardienne, en particulier Elba qu'on a grand plaisir à voir davantage à l'écran. La Phase 3 du MCU étant celle des cross-over entre personnages, Thor : Ragnarok voit l'intervention de deux invités de marque. Bruce Banner (Mark Ruffalo) devient l'un des protagonistes principaux et permet d'apprécier Hulk dans un tout nouveau plateau d'action. Concernant le deuxième invité (que l'on considérera comme un spoiler même si la promotion internationale a lâché le morceau), sa fonction dans le récit est peu justifiée et n'arrive pas à cacher un mauvais plan marketing.

 

 

La réalisation de Thor : Ragnarok a été confiée Taika Waititi (Flight of the Conchords), dont la marge de liberté semble avoir été illimitée. La direction entreprise est alors en pleine rupture avec les précédents opus. Les couleurs flashies, l'humour omniprésent nous orientent largement plus vers le cahier des charges des Gardiens de la Galaxie que de Thor. Tout change ici : les costumes, les coiffures (peut-on parler de blasphème pour la nouvelle coupe Thor ?). Seul les décors bucoliques et dorés d'Asgard semblent avoir été épargnés par cette révolution de couleurs, aussi psychalédiques que le rythme du récit, malgré une sérieuse baisse de régime au cours du deuxième acte. Le Ragnarok promis par le titre n'arrive d'ailleurs que très tardivement, sur un film de plus de 2h. On ne peut pas reprocher à Taika Waititi sa prise de risque. La personnalité du réalisateur est clairement perceptible dans la mise en scène. Pourtant, la qualité des effets spéciaux déçoit : le numérique est omniprésent et pas toujours à la hauteur. La musique de Mark Mothersbaugh est clairement une autre source de déception. Après la partition épique de Bryan Tyler pour Le Monde des Ténèbres, la Gardiennisation de l'univers de Thor nous impose l'intrusion d'une musique hard-rock contemporaine répétitive et dénottante avec le monde d'Asgard, en particulier le morceau "Immigrant Song" de Led Zepplin. L'impression d'entendre le générique de "50 mn Inside" en boucle...

 

 

Virage à 180° pour ce troisième opus de la trilogie asgardienne qui a la volonté assumée de s'éloigner de ses prédécesseurs et de se rapprocher du style fun, rock et coloré de Les Gardiens de la Galaxie. Les fans de la première heure seront sans doute chamboulés par autant de prises de liberté, les autres devraient passer un bon moment de divertissement.