A la suite de son rachat en 2012 par la Walt Disney Company, Lucasfilm, alors en pleine production du septième épisode de sa saga culte Star Wars, annonçait la mise en chantier d'une série de films indépendants. Le premier d'entre eux, Rogue One : A Star Wars Story, a marqué les esprits par sa qualité de réalisation et d'écriture il y a plus d'un an. Solo : A Star Wars Story est triplement attendu, car il doit supporter le niveau très élevé de son prédécesseur, composer avec l'un des personnages les plus populaires de la saga, et faire oublier sa production tumultueuse. Dans ce contexte, Solo n'est clairement pas la catastrophe que tente de nous vendre la presse "spécialisée".

 

 

L'histoire de Solo : A Star Wars Story se déroule plusieurs années avant les évènements de Rogue One et Star Wars : Un Nouvel Espoir. Han est un jeune bandit de bas étages qui a grandi sur la planète industrielle Corellia avec son amie Qi'ra. Avec ses rêves de pilotage, Han finit par s'échapper de cette vie sombre et sans espoir et rencontre sur sa route celui qui deviendra son plus fidèle compagnon d'aventure, le Wookie Chewbacca, et un nouveau mentor en la personne de Tobias Beckett, un criminel aux relations douteuses. On retrouve une nouvelle fois l'indépendance appréciable des films spin-off de la saga, qui permettent à la fois de s'éloigner de la dynastie Skywalker tout en étendant la saga vers de nouveaux personnages et de nouveaux univers. La connexion avec la saga principale est notable par la mise en valeur de trois de ses personnages emblématiques : Han Solo, Chewbacca et Lando Calrissian, des "origin-stories" d'autant plus appréciables que le spectateur ne pourra se rattacher à aucun autre thème connu de la saga, les symboles de la Force et des Jedi étant complètement absents de ce film et les manifestations de l'Empire bien plus rares que pour Rogue One. Solo : A Star Wars Story se positionne ainsi comme un véritable film autonome dédié à l'univers étendu. Des évènements clés seulement évoqués dans les précédents films prennent ainsi vie pour le plus grand bonheur des fans de la saga. Il faudra être attentif pour repérer les quelques clins d'œil aux autres opus de la saga, et certaines subtilités liées à l'univers étendu et aux séries télévisées ne parleront qu'aux experts les plus intégristes.

 

 

L'abord de Solo : A Star Wars Story en tant que préquelle impose un défi colossal : celui de recaster des personnages emblématiques pour des versions plus jeunes. Le processus avait déjà été employé avec succès pour le Jedi Obi Wan Kenobi, aperçu dans la trilogie originale et la prélogie, mais un gap de 32 ans entre les deux apparitions rendait le chalenge moins sérieux. Ici seulement une dizaine d'années séparent les évènement de Solo avec la rencontre d'Un Nouvel Espoir, et la ressemblance physique entre Alden Ehrenreich et le charismatique Harrison Ford reste douteuse. Néanmoins, le jeune vingtenaire s'en sort assez honorablement, sans pour autant réussir à renouveler le charme du personnage. Un constat moins sévère pour Donald Glover qui reprend prodigieusement les traits physiques et caractériels du contrebandier Lando Calrisssian. Evidemment, le retour de Chewbacca n'a pas posé beaucoup de tracas à l'équipe de production. Le reste du casting est complètement inédit. Emilia Clarke, la superstar de Game of Thrones, est l'atout féminin majeur de l'opus et donne à son personnage un charme foudroyant. Après Hunger Games, Woody Harrelson reprend une nouvelle fois un rôle de mentor, relativement classique. Les membres de sa petite équipe de braqueurs sont sympathiques mais moins mémorables que ceux de Rogue One.

 

 

La production de Solo : A Star Wars Story n'a pas été de tout repos. Pour cause de différents créatifs avec Lucasfilm, les réalisateurs Phil Lord et Christopher Miller ont plié bagage alors que le film était en plein tournage. La production a trouvé en Ron Howard un nouveau directeur qui a eu pour lourde tache de reprendre en main un film en naufrage, une opération de sauvetage qui, dit-on, aurait nécessité de retourner une très grosse partie du film. Evidemment, la presse y voit un argument de choix pour dénigrer sans retenu le résultat final, jugé laborieux et approximatif. Il n'en est rien ! Solo est un mélange intéressant entre un film de casse, d'espionnage et un western. Le scénario tient la route mais il n'a clairement pas l'aura des space-opera de la saga principale ni la tension dramatique de Rogue One. Pourtant, les scènes s'enchainent avec rythme, les scènes de poursuite et de bataille sont convainquantes, et l'émotion entretenue par les personnages de Han et Qi'Ra réelle. On pourra néanmoins reprocher le choix artistique très sombre de la photographie, qui contraste avec les images saturées et colorées de Le Réveil de la Force ou Les Derniers Jedi. Un univers sale et poussiéreux, presque apocalyptique, qui rappellera plus le style de Blade Runner que de Star Wars. N'oublions pas que la Galaxie connait une période troublée et que l'Empire a déjà étendu son emprise maléfique.

 

 

Comme d'habitude avec ILM, les effets spéciaux sont de grande qualité et Lucasfilm ne semble pas avoir mis moins de moyens que pour un Star Wars classique. Images numériques, masques ou marionnettes se mélangent pour donner vie au riche bestiaire du film. Les décors ne sont pas en reste avec beaucoup de détails, même si notre volonté de nostalgie s'attriste de ne retrouver aucun environnement connu de la saga excepté le fameux Faucon Millenium. John Powell (Kung Fu Panda, Dragons) propose une bande originale de qualité, mise en avant par un thème composé par le maitre de la saga, John Williams.

 

Solo : A Star Wars Story n'a pas l'aura d'un opus de la saga Skywalker ni la tension narrative de Rogue One mais remplit son principal objectif : celui de développer l'univers étendu et d'offrir aux fans les images d'évènements symboliques de l'histoire de nos héros galactiques. Difficile cependant de s'extraire de l'ombre d'Harrison Ford, l'un des visages les plus emblématiques de la saga Star Wars.