Quand les Walt Disney Animation Studios s'attaquent à la suite de
l'une de leurs productions, c'est toujours un événement tant les
antécédents sont rares. Nul doute que le prestigieux studio ait vu
en
Les Mondes de Ralph suffisamment de potentiel pour étendre, six
ans plus tard, son univers. Et pour preuve,
Ralph 2.0 abandonne le monde des jeux vidéo pour s'offrir un
tout nouveau contexte infini de possibilités : l'internet.
Six ans après leur rencontre dans Sugar Rush, Ralph et Vanellope
coulent des jours heureux et paisibles au sein de l'arcade. Cette
routine prend subitement fin lorsque la borne de Sugar Rush est
accidentellement cassée. Pour ne pas voir son jeu définitivement
abandonné à la casse, Vanellope et son ami Ralph profitent du
branchement d'une toute nouvelle borne Wifi pour partir à la
recherche de la pièce manquante et aller explorer un nouveau jeux
rempli de promesses... l'internet ! Exit ainsi l'univers rétro et
geek des jeux d'arcades, place au monde incroyable et illimité du
web. Une transition particulièrement intéressante pour les
non-gamers qui trouveront dans le net des références bien plus
accessibles. Et des références,
Ralph 2.0 n'en manque pas ! Impossible de tout repérer en une
projection, tant l'univers qui prend naissance sous nos yeux est
riche de clins d'oeil au quotidien de tous les internautes. C'est
dans ce décor étonnant et inédit que se joue une course contre la
montre haletante pour sauver Sugar Rush et ses habitants.
Le duo emblématique de
Les Mondes de Ralph est évidemment de retour à la tête de cette
nouvelle aventure. Alors que le premier opus était surtout celui de
Ralph, cette suite met sur le devant des pixels la pétillante
Vanellope Von Schweetz. Le personnage, toujours aussi attachant,
garantit la même fraicheur et la même sensibilité que dans le film
original. Mais c'est son camarade Ralph qui présente l'évolution la
plus marquée, en proie à de nouveaux sentiments et de nouvelles
craintes. Les comédiens François-Xavier Demaison et
Dorothée Pousséo reprennent avec un plaisir
communicatif le doublage de leur personnage respectif. Solidement
construit autour des deux héros et du nouveau contexte du web,
l'opus laisse peu de place à l'ancien casting, et réduit les
interventions de Félix Fix Jr et de Calhoun au strict minimum. Le
couple est remplacé par deux personnages féminins au fort caractère
et au design aux antipodes : Yesss, excentrique directrice du site
BuzzzTube, et Shank, redoutable chef du gang du jeu de course
apocalyptique Slaughter Race.
Déjà aux commandes du premier opus, le réalisateur Rich
Moore, rejoint par son scénariste Phil Johnston,
a développé un univers tout simplement incroyable, bien plus vaste
et fédérateur que celui des jeux vidéo. Retranscrire visuellement
les richesses d'internet et ses codes relevait d'un défi immense, et
offre un plateau de jeu jouissif pour les clins d'oeil et les
références. Toutes les plus grandes industries d'internet sont
retranscrites, avec beaucoup d'humour et d'inventivité. Mais celle
qui marquera le plus les esprits est évidemment celle du site
Oh My Disney, siège d'accueil des plus grandes licences de la
compagnie, et bien sûr de ses personnages emblématiques. La séquence
des Princesses Disney est le fantasme enfin réalisé de tous les fans, un condensé d'humour et d'autodérision orgasmique, même si
on regrettera l'impossibilité de Disney France à réunir la plus
grande partie des voix originales contrairement à son homologue
américain. Une séquence qui va aboutir à la chanson "A Place Called Slaughter Race", qui marque le retour du grand
compositeur Alan Menken. On ne
pouvait trouver mieux pour une chanson de princesse. Néanmoins, le
reste de la partition d'Henry Jackman se révèlera moins mémorable
que celle de
Les Mondes de Ralph.
Au-delà d'un univers visuel monstrueusement riche,
Ralph 2.0 pose également une véritable réflexion autour des
dérives d'internet et de l'importance des écrans dans notre
quotidien. Lorsque Ralph part à la chasse des "J'aime", ou se
retrouve confronté aux critiques de ses détracteurs numériques,
c'est l'envahissement des réseaux sociaux et leur impact sur notre
vie qui se retrouve critiqué. Une introspection de nos propres
habitudes, que l'on soit un utilisateur anonyme ou un prestigieux
influenceur.
Ralph 2.0 est un bijou visuel pour tous les surfers du net
et s'offre des caméos parmi les plus incroyables qu'un film
d'animation Disney ait pu proposer. Fatalement, cette course à la
référence ancre le film dans un présent dangereusement éphémère. Que
restera t-il de
Ralph 2.0 lorsque Facebook, Instagram et autres Youtube ne
seront plus qu'un lointain passé d'une vie numérique révolue ?
L'amitié, le sens du sacrifice, et les chansons de princesses
demeureront, eux, intemporels.