Comme Soul avant lui, le 24ème long métrage d’animation des Studios Pixar Luca subit les conséquences de la pandémie mondiale de Covid-19. Malgré une accalmie dans la pandémie, sa sortie dans les salles obscures est purement annulée : le film sera proposé directement sur Disney+ dans les marchés américain et européen. Et, contrairement aux autres sorties d’envergure de la compagnie telles Cruella ou Black Widow, Luca sera disponible gratuitement sur la plateforme sans sortie cinéma simultanée ou accès premium (pour les régions habituellement concernées). Certes Luca n’est pas la production la plus ambitieuse du studio, mais cette belle histoire d’amitié rafraîchissante sur fond de dolce vita aurait mérité un traitement plus prestigieux.

 

 

L'animateur italien Enrico Casarosa, nommé aux Oscars pour son court métrage La Luna en 2011, réalise ici son premier long-métrage et enivre le spectateur de ses souvenirs d’enfance dans la riviera italienne. Nous sommes donc transporté dans la petite ville côtière de Portorosso et chaque plan du film respire la douceur de vivre méditerranéenne et le charme de cette région chère au réalisateur. Le jeune et discret Luca y vit un été inoubliable, aux côtés de son nouveau meilleur ami, le très exubérant Alberto. Mais ce bonheur est menacé par un secret bien gardé : tous deux sont en réalité des monstres marins venus d’un autre monde, situé juste au-dessous de la surface de l’eau.

 

 

Le synopsis plutôt simple dans sa construction, semble de premier abord moins mature que les classiques du studio. Pas de conceptualisation métaphysique de l’âme, des émotions ou de la vieillesse… mais une belle histoire d’amitié et de découverte de soi à mi-chemin entre La Petite Sirène et Call Me by Your Name. Vous ne verserez pas votre petite larme devant Luca à l’instar de La-Haut ou Coco, l’atmosphère étant plus charmante et fantaisiste. Mais le film est d’une générosité incomparable, une œuvre humble et intimiste que le réalisateur partage avec le spectateur. La simplicité du cœur tout simplement. Le propos reste néanmoins subtil, abordant les thèmes de la confiance en soi, de l’acceptation de ses différences et de l’amitié. Certains pourraient voir dans la connexion entre les deux héros une fable LGBT qu’Enrico Casarosa a pourtant infirmé. Il s’agit cependant bien d’un trio, puisque l’espiègle Giulia, éternelle outsider, vient porter secours aux deux petits monstres et bénéficie d’un capital sympathie indéniable.

 

 

Luca se distingue des autres productions Pixar par son design très original et cartoonesque, rappelant le style des studios d’animation Aardman ou les œuvres oniriques de Hayao Miyazaki. On y retrouve la patte que le réalisateur Enrico Casarosa avait déjà apposée à son court métrage La Luna, une variété bienvenue dans l’identité visuelle des studios Pixar. La splendeur des paysages et des textures en font une œuvre animée singulière et mémorable. Une belle invitation au voyage après des mois de confinement.

 

 

Luca est une charmante fable estivale, une ode à l’amitié et au droit à la différence. S’il n’a pas la profondeur et la maturité de ses aînés de chez Pixar, ce petit film demeure extrêmement efficace et sympathique… une soudaine envie de partir en Italie cet été !