De nouveaux héros cosmiques débarquent dans l’univers cinématographique Marvel : Les Éternels. Un 25ème film très attendu, qui installe un peu plus les fondements d’une phase IV décidément surprenante et au potentiel illimité. Tout ceci sous la direction d’une réalisatrice fraichement oscarisée (Chloé Zhao) et un casting de renom, de quoi promettre un spectacle mémorable… une promesse de révolution tenue ?

 

 

Les Éternels est un film à part au sein de l’écurie Marvel. Ambitieux par son propos et sa tonalité plus sérieuse, le film fait le pari d’introduire d’un coup dix héros cosmiques jusqu’alors inconnus de l’univers cinématographique. Les Éternels, êtres immortels originaires de la lointaine planète Olympia, sont arrivés sur Terre il y a des milliers d’années pour protéger l’humanité de prédateurs nommés Déviants. Ils ont été avertis de la menace que représentent les Déviants par les Célestes, une race de bâtisseurs cosmiques aperçus pour la première fois dans Les Gardiens de la Galaxie. Dispersés au fil des siècle, le groupe est obligé de se réunir à nouveau pour combattre les Déviants, des créatures monstrueuses que l’on croyait disparues depuis longtemps.

 

 

Construire un scénario équilibré laissant rayonner tous ces personnages était un challenge, finalement bien rempli. Contrairement aux autres productions Marvel, le film prend le temps d’explorer la psychologie de chaque héros. Un film moins manichéen, privilégiant les combats intérieurs, les passions et le poids des responsabilités face aux habituels gags et explosions à tout va. Ceci s’explique probablement par la direction léchée de Chloé Zhao, dont chaque séquence puise dans la simplicité et sensibilité de la réalisatrice. Une approche visuelle différente des autres films du MCU, délaissant les effets visuels à outrance au profit de paysages naturels contemplatifs. La photographie est par ailleurs sublime.

 

 

L’écriture sobre des personnages est à souligner. Chacun des dix personnages bénéficie de son temps à l’écran avec un équilibre certain, sans confondre le message principal du récit. Les Éternels forment ainsi un groupe puissant et éclectique mêlant penseurs et combattants. Il s’agit également du groupe le plus diversifié du cinéma sur le plan ethnique en véritable reflet de l’ensemble de l’humanité. Avec un premier super-héros gay assumé, sa première super-héroïne sourde ou même sa première scène de sexe au sein de l’écurie Marvel, le film est précurseur sur bien des plans ! Bien que l’essentiel du récit gravite autour du couple Ikaris/Serci, les autres personnages ne sont pas secondaires pour autant. Richard Madden en impose avec un charisme évident et l’alchimie avec Gemma Chan est palpable. L’aura d’Angelina Jolie est intacte, dont chaque apparition à l’écran est un mirage divin, tel son personnage mythologique. Notons également la belle performance de Salma Ayek en matriarche et guide spirituel des Éternels. Seul le personnage interprété par Kumail Nanjiani, alias Kingo, irrite le spectateur au plus haut point. Probablement car le héros porte le poids de la majorité de l’arsenal comique du film. Quelques vannes sont sympathiques mais le déséquilibre avec le ton sombre du film est palpable. Ainsi, le poids du cahier des charges Marvel fini par s’imposer lors d’un troisième acte beaucoup plus bancal. Les codes classiques des films de super-héros sont finalement bien là : une famille à rassembler, une planète terre à sauver et un combat final bourré d’effets visuels à outrance.

 

Après un Black Widow inutile et un Shang-Chi gentiment sympathique, Les Éternels ouvre enfin cette quatrième phase avec un élan cosmique exaltant pour le futur. L’esthétisme léché, le casting parfait et la charge émotionnelle auraient pu élever Les Éternels vers les étoiles. Hélas, le poids du cahier des charges Marvel fini par l’emporter, le film ne pouvant se soustraire à tous les clichés du genre.