Construire un bonhomme de neige en plein été aurait été un défi moins risqué que de donner une suite à La Reine des Neiges. Film devenu référence, ras-de-marré du box-office, chansons qui ont fait trembler les charts, personnages devenus cultes... La Reine des Neiges a embrasé de son hiver magique l'histoire du cinéma d'animation. Six ans après, l'une des suites les plus attendues de la décennie arrive enfin dans les salles, et bouleverse encore une fois le spectateur.

 

 

Trois ans après qu'Elsa se soit libérée délivrée de ses pouvoirs de glace en dévoilant son don magique au peuple d'Arendelle, la jeune reine fait face à un nouveau défi intérieur. De mystérieuses voix l'appellent vers la Forêt Enchantée, cachée loin d'Arendelle depuis des décennies. Mais ce sont des secrets encore plus obscurs qui se dévoileront à Elsa, Anna, Olaf, Kristoff et Sven alors qu'ils entament le voyage le plus périlleux de leur vie. Après une introduction en terrain connu, le spectateur est rapidement plongé dans périple inconnu et plein de surprises. Plus sombre, plus vaste, plus épique, l'univers tout entier de La Reine des Neiges semble avoir grandi avec son public. Avec une fluidité remarquable, La Reine des Neiges II développe avec crédibilité et maturité son folklore, sans jamais dénaturer le premier opus, comme si les événements qui nous sont racontés avaient été prévus d'avance. Malgré quelques lenteurs et facilités scénaristiques, les deux films supportent ainsi une complémentarité rarement vue dans une saga animée, pour le plus grand bonheur des fans.

 

 

Les merveilleuses couleurs de l'automne sont une magnifique métaphore au renouveau que connaitront les personnages. Elsa, Anna et Olaf sont devenues des figures emblématiques pour les familles, et le plaisir des retrouvailles est décuplé par l'émotion de leur évolution personnelle. Le bouleversement de leur destin n'en est que plus touchant. Les séquences de pure émotion se lient aux jolies trouvailles humoristiques, majorées par un Olaf exceptionnel, même si le binôme formé par Kristoff et Sven n'est pas en reste. Le spectateur profitera également du développement du couple royal formé par le Roi Agnarr et la Reine Iduna, pilier de cette suite. Quelques nouveaux personnages secondaires sont également présentés, comme le Lieutenant Mattias ou le jeune Ryder.

 

 

L'émotion de La Reine des Neiges II est soutenue par un visuel irréprochable. Les six années qui séparent les deux films en paraissent le double tant les progrès sont manifestes. La beauté de la nature n'a jamais été aussi sublimée, et les séquences de clair et d'obscur se révèlent sur une palette magistrale. Une véritable envie d'élever le film est perceptible de la part des réalisateurs Chris Buck et Jennifer Lee. Un souci d'excellence identique a été confié à l'équipe musicale d'origine, le compositeur Christophe Beck pour la musique et le duo Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez pour les chansons. L'héritage des comédies musicales américaines est, en outre, particulièrement perceptible tant les séquences musicales permettent ici de développer les pensées des personnages plus que le fil de l'histoire en lui-même. Les huit morceaux écrits pour le film offrent à chaque personnage l'opportunité de dévoiler ses émotions au spectateur. Parmi ces nouveaux titres, "Dans un Autre Monde" s'impose comme le lead-single de la bande-originale et offre à Elsa un nouveau solo mémorable, sans égaliser l'inoubliable "Libérée, Délivrée". Mais c'est bien "Je te Cherche" qui fera vibrer le public, dont l'incroyable puissance est l'acmé émotionnel du long-métrage.

 

 

Le casting français original est également de retour, à l'exception notable d'Anaïs Delva qui est remplacée par Charlotte Hervieux. La prestation de la jeune chanteuse, qui s'est formée dans l'univers des comédies musicales, doit être félicitée. Emmylou Homs et Donald Reignoux retrouvent Anna et Kristoff, ce dernier soutenant avec bio l'une des prestations musicales les plus mémorables du film. Enfin, Olaf ne serait pas si irrésistible dans le talent de Dany Boon.

 

La Reine des Neiges II est un cadeau inestimable : il permet de prolonger magistralement l'attachement de toute une génération à une franchise qui aura marqué le monde. Plus intense, plus mature, il offre tout ce qu'une suite devrait proposer: une évolution aussi bien artistique que touchante, et une véritable nostalgie sur le temps qui passe. Tout pour nous faire fondre.

 

 

La grande avant-première française de La Reine des Neiges II a eu lieu il y a quelques semaines à Paris, et l'équipe du film a fait le déplacement pour l'évènement. Une soirée magique suivie d'une conférence de presse, à laquelle Disney Next a eu la chance d'être convié.

 

Et des invités de marque étaient présents : la co-réalisatrice et présidente des Walt Disney Animation Studios Jennifer Lee, le co-réalisateur Chris Buck et le producteur Peter Del Vecho ont ouvert la conférence :

 

 

La Reine des Neiges a été un succès phénoménal dans le monde entier, si bien que la réalisation d'un second opus a représenté un véritable challenge pour l'équipe originale. A commencer par Jennifer Lee, devenue entre-temps la présidente des Walt Disney Animation Studios. Pour la réalisatrice, le plus gros défi a toujours été l'histoire. A la fin du premier film, beaucoup de questions étaient restées en suspens. Les réalisateurs savaient où il fallait aller, si bien que la conclusion de La Reine des Neiges II a rapidement été définie dans le processus de création. Mais l'histoire n'a cessé d'être retravaillée jusqu'à trois mois avant la sortie du film.

 

L'idée d'un second opus est né plus d'un an après la sortie de La Reine des Neiges, alors que court-métrage La Reine des Neiges : Une Fête Givrée avait redonné vie à ces personnages adorés de tous. Pour Jennifer Lee, l'histoire de La Reine des Neiges, pourtant conçu comme un film unique, n'était pas encore totalement finie. Maintenant qu'Elsa a accepté ses pouvoirs, il fallait maintenant expliquer comment elle les a obtenus. Pourtant six ans séparent les deux films, car il fallait avant tout trouver une bonne histoire, mais aussi relever de nombreux défis techniques comme l'explique le co-réalisateur Chris Buck. En particulier  l'animation des esprits du vent et de l'eau ont été incroyablement difficiles. Sans oublier les géants de pierre et l'esprit du feu. La nature a, il est vrai, une place prépondérante dans ce deuxième film. Même si le contexte climatique global ce prête à ce thème, l'importance de la nature a été travaillée en relation avec Elsa et ses connections avec les éléments. Les artistes du studio, particulièrement inspirés par l'histoire, ont livré un travail formidable, plus spectaculaire que ce qu'ils pouvaient imaginer, avec un processus d'animation qui a duré plus d'un an et demi précise le producteur Peter Del Vecho. Pour l'équipe du film, le voyage d'Anna et Elsa est maintenant terminé, et un troisième opus n'est pas prévu pour le moment. Le studio ne semble néanmoins pas fermé à la production de nouveaux courts-métrages.

 

Une thématique récurrente de La Reine des Neiges II est celle du changement, et Olaf en est une véritable incarnation selon Jennifer Lee. Fabriqué de neige pure et né de l'amour des deux soeurs, sa blancheur évoque l'innocence, presque celle d'un enfant. Mais comme nous tous, il devient plus mature, et se pose des questions avec le vocabulaire d'un homme. C'est un personnage très inspirant pour les enfants qui connaissent l'épreuve de la maturité. C'est cette dualité qui fait le sens d'Olaf. Une évolution que l'on retrouvera également dans la tonalité du film, plus sombre. Les ténèbres font partie de l'héritage de Walt Disney et existent depuis Blanche-Neige et les Sept Nains, Pinocchio ou Bambi explique Chris Buck. Ce côté sombre est une source d'inspiration, et les héros sortent plus fort d'avoir surmonté ces grandes difficultés pour obtenir leur fin heureuse.

 

Depuis le premier opus, la musique compose l'âme de La Reine des Neiges si bien que pour ce second opus, les codes de la comédie musicale font partie intégrante de l'histoire, notamment sur la façon dont les personnages les utilisent pour exprimer leurs émotions. Les chansons doivent porter l'histoire et dans le premier opus il n'y avait pas de justification narrative pour une vraie chanson de Kristoff, alors personnage solitaire et discret. La Reine des Neiges II vient corriger ce manque avec humour et marque l'évolution du personnage. Un autre exemple concret est celui d'Anna, personnage solaire et optimiste mais pas naturellement, elle s'efforce de l'être chaque jour malgré les épreuves et la chanson "Tout Réparer" en est la démonstration. Les acteurs ont bien sûr participé à l'évolution de leurs personnages et au processus créatif. Sans oublier la centaine d'animateurs et artistes qui ont grandi avec cette aventure depuis 6 ans.

 

 

La conférence s'est poursuivie avec les doubleurs français de La Reine des Neiges II. Danny Boon retrouve avec plaisir Olaf six ans après le premier opus. La légèreté du personnage, particulièrement plébiscité par les enfants, adoucie la noirceur de ce second opus. Et ce n'est pas facile d'interpréter un personnage floconneux ! Il faut aller chercher l'émotion dans la sincérité. Pour Danny, si on en rajoute ça devient redondant, on surjoue et on perd l'émotion. A un moment il y a la prise magique où il y a la sincérité du drame qui se déroule. Dans chacun de ses films, l'acteur se pose toujours la question du rire des enfants. Quand il écrit ses propres films, il ne se contente pas que du texte, il introduit également des gags visuels. Même s'il n'a vraiment jamais quitté le personnage (les enfants lui demandent fréquemment dans la rue de faire la voix d'Olaf), il fallait se remettre dans la peau du bonhomme de neige. Danny a revu le premier film avant l'enregistrement avec l'inquiétude de garder le même timbre.  Entre temps, l'acteur s'est nourri de ses expériences successives et des belles rencontres qu'il a pu faire, en particulier au sein de la famille Disney. Pour le comédien, le plus difficile reste la séquence chantée, si bien qu'il a reçu son nouveau titre deux semaines avant l'enregistrement afin de la travailler en amont. Danny Boon a également pu porter sa casquette d'humoriste pour influencer son doublage. L'esprit du vent devait s'appeler "Tornadette" en français, et le comédien a proposé Courant d'Air. La séquence du résumé a été également l'occasion d'un grand moment de comédie et une source de stress pour Danny Boon qui avait coeur à réussir la scène.

 

Emmylou Homs, voix français d'Anna, est également une habituée de l'exercice. La comédienne de doublage s'est totalement laissée immerger par le film. Pourtant, comme la plupart de ses collègues, elle a découvert le film et les chansons le jour même. Le procédé est extrêmement rapide : deux jours d'enregistrement des voix et deux jours de chant pour le personnage d'Anna. Souvent, l'enregistrement se fait avec d'autres comédiens qui donnent la réplique, mais parfois les doubleurs sont seuls. Ils se laissent alors beaucoup porter par les images ou les acteurs à l'écran. Emmylou s'est beaucoup porté sur le regard de son personnage. C'est la magie du doublage : interpréter un personnage qui ne nous ressemble pas forcément physiquement. Le travail du doublage est en réalité très technique, et comme l'indiquera Danny Boon, tous les acteurs ne sont pas faits pour cela ! Difficile de réussir à être spontané dans le jeu et l'émotion tout en respectant la bande rythmo. Les chansons ont quelque chose de très spécial, elles sont compliquées, surprenantes. Peu importe dans quel langue elles seront traduites il y aura le même effet.

 

Pour Charlotte Hervieux, la tâche était plus périlleuse. En effet, la comédienne et chanteuse, qui a fait ses armes dans l'univers de la comédie musicale, a la lourde charge de remplacer Anaïs Delva dans le rôle de la reine Elsa. En ce sens, la jeune fille a été très bien guidée et accompagnée par l'équipe de direction artistique, et a pu s'inspirer de l'héritage de Broadway qu'elle connaît bien. Elle a dû se laisser guider par l'intrigue, l'émotion et les personnages pour se fondre dans la voix de la souveraine. Quand elle a reçu le coup de téléphone final elle était à la fois surexcitée et terrorisée. Heureusement la jeune fille n'a pas eu le temps de paniquer : quelques jours après à peine elle était en studio. Pas le temps de faire des insomnies ! L'équipe a été très bienveillante et accueillante. Charlotte a eu la chance de travailler avec des images magnifiques où les personnages sont très expressifs au niveau des yeux et des sourcils. Cela l'a aidé à comprendre l'émotion et l'intention. Le phrasé d'Elsa l'a naturellement emmené vers les graves, avec un phrasé lent et précieux de reine, sans que la jeune chanteuse n'ai eu à modifier sa voix.  La comédienne a également découvert les chansons en studio le jour J. Après quelques écoutes de la version originale, le texte français est proposé. Charlotte a passé trois après-midi sur les chansons et deux après-midi sur les dialogues. Le processus est rapide car il y a finalement peu de place pour l'improvisation, même si les doubleurs utilisent leur voix, leur sensibilité, leurs émotions, de ce qu'ils perçoivent du personnage. C'est un bon compromis entre le personnage qui est écrit et la nature profonde du comédien.

 

Pour les trois comédien, c'était jubilatoire de voir le public réagir au film, rire, être ému lors de l'avant-première. Les proches de Danny Boon se sont fait cueillir par la magie d'un Disney, ils ont retrouvé ce qu'ils ont connu quand ils étaient petits. Tous ont été éblouis par le spectacle, l'émotion, la drôlerie de La Reine des Neiges II.