La grande avant-première française de
La Reine des Neiges II a eu lieu il y a quelques semaines à Paris, et
l'équipe du film a fait le déplacement pour l'évènement. Une soirée
magique suivie d'une conférence de presse, à laquelle Disney Next a eu
la chance d'être convié.
Et des invités de marque étaient présents : la co-réalisatrice et
présidente des Walt Disney Animation Studios Jennifer Lee,
le co-réalisateur Chris Buck et le producteur
Peter Del Vecho ont ouvert la conférence :
La
Reine des Neiges a été un succès phénoménal dans le monde
entier, si bien que la réalisation d'un second opus a représenté un
véritable challenge pour l'équipe originale. A commencer par
Jennifer Lee, devenue entre-temps la présidente des Walt
Disney Animation Studios. Pour la réalisatrice, le plus gros défi a
toujours été l'histoire. A la fin du premier film, beaucoup de
questions étaient restées en suspens. Les réalisateurs savaient où
il fallait aller, si bien que la conclusion de
La Reine des Neiges II a rapidement été définie dans le
processus de création. Mais l'histoire n'a cessé d'être retravaillée
jusqu'à trois mois avant la sortie du film.
L'idée d'un second opus
est né plus d'un an après la sortie de
La
Reine des Neiges, alors que court-métrage
La Reine des Neiges :
Une Fête Givrée avait redonné vie à ces personnages adorés de tous.
Pour Jennifer Lee, l'histoire de
La
Reine des Neiges, pourtant conçu comme un film unique, n'était
pas encore totalement finie. Maintenant qu'Elsa a accepté ses
pouvoirs, il fallait maintenant expliquer comment elle les a
obtenus. Pourtant six ans séparent les deux films, car il fallait avant tout
trouver une bonne histoire, mais aussi relever de nombreux défis
techniques comme l'explique le co-réalisateur Chris Buck.
En particulier l'animation des esprits du vent et de l'eau ont
été incroyablement difficiles. Sans oublier les géants de pierre et
l'esprit du feu. La nature a, il est vrai, une place prépondérante
dans ce deuxième film. Même si le contexte climatique global ce
prête à ce thème, l'importance de la nature a été travaillée en
relation avec Elsa et ses connections avec les éléments. Les artistes du studio, particulièrement inspirés
par l'histoire, ont livré un travail formidable, plus spectaculaire
que ce qu'ils pouvaient imaginer, avec un processus d'animation qui
a duré plus d'un an et demi précise le producteur Peter Del
Vecho. Pour l'équipe du film, le voyage d'Anna et Elsa est
maintenant terminé, et un troisième opus n'est pas prévu pour le
moment. Le studio ne semble néanmoins pas fermé à la production de
nouveaux courts-métrages.
Une thématique récurrente de
La Reine des Neiges II est celle du changement, et Olaf en
est une véritable incarnation selon Jennifer Lee.
Fabriqué de neige pure et né de l'amour des deux soeurs, sa blancheur
évoque l'innocence, presque celle d'un enfant. Mais comme nous tous,
il devient plus mature, et se pose des questions avec le vocabulaire
d'un homme. C'est un personnage très inspirant pour les enfants qui
connaissent l'épreuve de la maturité. C'est cette dualité qui fait
le sens d'Olaf. Une évolution que l'on retrouvera également dans la
tonalité du film, plus sombre. Les ténèbres font partie de
l'héritage de Walt Disney et existent depuis
Blanche-Neige et les
Sept Nains, Pinocchio
ou Bambi explique
Chris Buck. Ce côté sombre est une source d'inspiration, et
les héros sortent plus fort d'avoir surmonté ces grandes difficultés
pour obtenir leur fin heureuse.
Depuis le premier opus, la musique compose l'âme de
La
Reine des Neiges si bien que pour ce second opus, les codes de
la comédie musicale font partie intégrante de l'histoire, notamment
sur la façon dont les personnages les utilisent pour exprimer leurs
émotions. Les chansons doivent porter l'histoire et dans le premier
opus il n'y avait pas de justification narrative pour une vraie
chanson de Kristoff, alors personnage solitaire et discret.
La Reine des Neiges II vient corriger ce manque avec humour
et marque l'évolution du personnage. Un autre exemple concret est
celui d'Anna, personnage solaire et optimiste mais pas
naturellement, elle s'efforce de l'être chaque jour malgré les
épreuves et la chanson "Tout Réparer" en est la démonstration. Les
acteurs ont bien sûr participé à l'évolution de leurs personnages et
au processus créatif. Sans oublier la centaine d'animateurs et
artistes qui ont grandi avec cette aventure depuis 6 ans.
La conférence s'est poursuivie avec les doubleurs français de
La Reine des Neiges II. Danny Boon retrouve
avec plaisir Olaf six ans après le premier opus. La légèreté du
personnage, particulièrement plébiscité par les enfants, adoucie la
noirceur de ce second opus. Et ce n'est pas facile d'interpréter un
personnage floconneux ! Il faut aller chercher l'émotion dans la sincérité.
Pour Danny, si on en
rajoute ça devient redondant, on surjoue et on perd l'émotion. A un
moment il y a la prise magique où il y a la sincérité du drame qui
se déroule. Dans chacun de ses films, l'acteur se pose toujours la
question du rire des enfants. Quand il écrit ses propres films, il
ne se contente pas que du texte, il introduit également des gags
visuels. Même s'il n'a vraiment jamais quitté le personnage (les
enfants lui demandent fréquemment dans la rue de faire la voix
d'Olaf), il fallait se remettre dans la peau du bonhomme de neige.
Danny a revu le premier film avant l'enregistrement avec
l'inquiétude de garder le même timbre. Entre temps, l'acteur
s'est nourri de ses expériences successives et des belles rencontres
qu'il a pu faire, en particulier au sein de la famille Disney. Pour
le comédien, le plus difficile reste la séquence chantée, si bien
qu'il a reçu son nouveau titre deux semaines avant l'enregistrement
afin de la travailler en amont. Danny Boon a également pu porter sa
casquette d'humoriste pour influencer son doublage. L'esprit du vent devait s'appeler
"Tornadette" en français, et le comédien a
proposé Courant d'Air. La séquence du résumé a été également
l'occasion d'un grand moment de comédie et une source de stress pour
Danny Boon qui avait coeur à réussir la scène.
Emmylou Homs, voix français d'Anna, est
également une habituée de l'exercice. La comédienne de doublage
s'est totalement laissée immerger par le film. Pourtant, comme la
plupart de ses collègues, elle a découvert le film et les chansons le jour même.
Le procédé est extrêmement rapide : deux jours d'enregistrement des
voix et deux jours de chant pour le personnage d'Anna. Souvent,
l'enregistrement se fait avec d'autres comédiens qui donnent la
réplique, mais parfois les doubleurs sont seuls. Ils se laissent
alors beaucoup porter par les images ou les acteurs à l'écran.
Emmylou s'est beaucoup porté sur le regard de son personnage. C'est
la magie du doublage : interpréter un personnage qui ne nous
ressemble pas forcément physiquement. Le travail du doublage est en
réalité très technique, et comme l'indiquera Danny Boon, tous les
acteurs ne sont pas faits pour cela ! Difficile de réussir à être
spontané dans le jeu et l'émotion tout en respectant la bande
rythmo. Les chansons ont quelque chose de très spécial, elles sont
compliquées, surprenantes. Peu importe dans quel langue elles seront
traduites il y aura le même effet.
Pour Charlotte Hervieux, la tâche était plus
périlleuse. En effet, la comédienne et chanteuse, qui a fait ses
armes dans l'univers de la comédie musicale, a la lourde charge de
remplacer Anaïs Delva dans le rôle de la reine Elsa. En ce sens, la
jeune fille a été très bien guidée et accompagnée par l'équipe
de direction artistique, et a pu s'inspirer de l'héritage de
Broadway qu'elle connaît bien. Elle a dû se laisser guider par l'intrigue,
l'émotion et les personnages pour se fondre dans la voix de la
souveraine. Quand elle a reçu le coup de téléphone final elle était
à la fois surexcitée et terrorisée. Heureusement la jeune fille n'a
pas eu le temps de paniquer : quelques jours après à peine elle
était en studio. Pas le temps de faire des insomnies ! L'équipe a
été très bienveillante et accueillante. Charlotte a eu la chance de
travailler avec des images magnifiques où les personnages sont très
expressifs au niveau des yeux et des sourcils. Cela l'a aidé à
comprendre l'émotion et l'intention. Le phrasé d'Elsa l'a
naturellement emmené vers les graves, avec un phrasé lent et
précieux de reine, sans que la jeune chanteuse n'ai eu à modifier sa
voix. La comédienne a également découvert les chansons en
studio le jour J. Après quelques écoutes de la version originale, le
texte français est proposé. Charlotte a passé trois après-midi sur
les chansons et deux après-midi sur les dialogues. Le processus est
rapide car il y a finalement peu de place pour l'improvisation, même
si les doubleurs utilisent leur voix, leur sensibilité, leurs
émotions, de ce qu'ils perçoivent du personnage. C'est un bon
compromis entre le personnage qui est écrit et la nature profonde du
comédien.
Pour les trois comédien, c'était
jubilatoire de voir le public réagir au film, rire, être ému lors de
l'avant-première. Les proches de Danny Boon se sont fait cueillir
par la magie d'un Disney, ils ont retrouvé ce qu'ils ont connu quand
ils étaient petits. Tous ont été éblouis par le spectacle,
l'émotion, la drôlerie de
La Reine des Neiges II.