En mars 2019, la Walt Disney Company a acquis la Fox et affiche une volonté manifeste de capitaliser sur son investissement en exploitant les licences phares du studio, dont La Planète des Singes. Il faut dire que le redémarrage de la saga sous forme de préquelle en 2011 a été un succès tant critique que financier. Un nouveau chapitre de la franchise a donc été rapidement confirmé, avec Wes Ball, réalisateur de la trilogie Le Labyrinthe, aux commandes. Ce dixième opus consacré à La Planète des Singes ne déçoit pas, insufflant une nouvelle vie à la saga avec brio.

 

 

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume se déroule des centaines d’années après l’avènement de César et le premier affrontement avec l’humanité. Plusieurs clans de primates se partagent désormais ce havre de paix où leur mythique chef historique les a conduits. A l'extérieur, les humains ont régressé à un état sauvage. Alors que certains clans ont purement oublié César, d'autres ont corrompu et dogmatisé son enseignement pour asseoir l'autorité d'un empire. C’est ainsi qie le bonobo Proximus s’octroie la souveraineté de son royaume avec férocité. Noa, un autre singe dont le peuple vient d'être asservi, est contraint de fuir pour conserver sa liberté. Il trouve alors sur son chemin une jeune humaine qui semble être la clé de son périple.

 

 

Wes Ball a intelligemment choisi de ne pas suivre directement les aventures de César, préférant situer l'histoire des siècles après la guerre de la trilogie précédente. Avec subtilité, le film intègre des éléments des opus précédents tout en se démarquant par une intrigue et des personnages nouveaux, ce qui le rend accessible à un public non initié. Cette approche offre une perspective fascinante sur l'impact de César sur les générations futures, le plaçant au rang du divin, semblable à l'importance de Jésus pour l'humanité. A-t-il vraiment existé ? Quelle est son influence sur les générations suivantes ? Ses disciples suivent-il réellement son enseignement ? Quelle est la vérité sur son histoire ? L’analogie avec les croyances humaines est captivante, dont l’appropriation fanatique qui en découle sous les traits de Proximus.

 

 

Deux espèces se trouvent en conflit pour la domination de la planète, chacune justifiant son combat : les humains aspirent à rétablir l'ordre ancien et à reconquérir leur planète « de droit », tandis que les singes revendiquent leur liberté et leur droit à vivre en paix. Contrairement à L’Affrontement et Suprématie de Matt Reeves, ce volet prend son temps et semble moins explosif dans son approche. Les deux premiers actes sont alors plus contemplatifs que les blockbusters précédents. Les enjeux de ce Nouveau Royaume sont ainsi méticuleusement explorés, plongeant le spectateur dans un dilemme où il peine à prendre parti. Ce dilemme est également partagé par les nouveaux protagonistes, dont les performances remarquables en Motion Capture d'Owen Teague, Kevin Durand et Peter Macon ajoutent une profondeur mémorable à l'ensemble.

 

 

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume marque le commencement d'une nouvelle ère, fascinante par sa représentation de la lutte des singes pour garder le contrôle de la planète et établir leur suprématie sur l'humanité. Le troisième acte ouvre d’ailleurs (avec moins de subtilité cette fois) les portes pour une extension de la saga vers une nouvelle trilogie dont cet opus marque finalement la transition. Le film offre par ailleurs une prouesse visuelle remarquable avec des effets visuels dignes d’Avatar. Le monde saccagé « post apocalyptique » dont la nature a repris les droits est visuellement de toute beauté, bien que paraissant simple dans son approche.

 

L'excellence de l'intrigue, les enjeux complexes et les thématiques profondes relatives à l'héritage laissé par César convergent pour créer une œuvre captivante et visuellement saisissante. Ce Nouveau Royaume confirme un avenir prometteur pour la saga de La Planète des Singes, plus d’un demi-siècle après sa première adaptation.