Avec La Guerre des Rose (The Roses en version originale), Jay Roach signe la nouvelle adaptation du roman de Warren Adler, porté à l’écran une première fois en 1989. Plus de trente ans après, ce remake s’inscrit dans un contexte où la vision du mariage et de la réussite sociale a profondément évolué. La question centrale demeure pourtant intemporelle : que reste-t-il d’un couple lorsque l’amour se transforme en haine irréversible ?

 

Le synopsis, à la fois simple et universel, constitue l’un des points forts du film. Ivy et Theo Rose, couple modèle en apparence, basculent dans une guerre domestique sans merci lorsque les trajectoires personnelles divergent : elle gravit les sommets, lui s’effondre. Ce déséquilibre nourrit une tension croissante où les rancunes enfouies se transforment en armes redoutables. L’efficacité dramatique est réelle, même si certaines transitions paraissent un peu appuyées, comme si le film cherchait à surligner ce que le spectateur avait déjà compris.

 

 

Le jeu d’acteurs demeure l’atout majeur de cette relecture. Olivia Colman confère à Ivy une profondeur rare : son ambition, son assurance et sa fragilité cohabitent dans un portrait nuancé qui échappe au manichéisme. Face à elle, Benedict Cumberbatch incarne avec précision le déclin d’un homme dont l’orgueil se change en amertume. Leur duo fonctionne à merveille, porté par une alchimie qui oscille entre complicité et affrontement. En revanche, les seconds rôles apparaissent moins travaillés, servant davantage de satellites autour du couple que de véritables contrepoints dramatiques.

 

La réalisation de Jay Roach, quant à elle, mise sur une esthétique très soignée. Les décors élégants et les intérieurs impeccablement filmés créent un contraste volontaire avec la violence psychologique qui s’y déroule. Cette recherche visuelle confère au film une identité claire, mais au prix d’une certaine retenue. L’élégance de la mise en scène empêche parfois l’explosion dramatique de se déployer pleinement, là où une approche plus crue aurait renforcé la tension. L’équilibre entre comédie noire et drame intime demeure fragile, même si quelques scènes atteignent une intensité remarquable.

 

 

La musique, discrète et subtile, accompagne le récit sans excès. Elle souligne habilement les ruptures de ton, passant de la légèreté à la gravité, sans jamais s’imposer. Ce choix de sobriété participe à l’élégance générale du film, au risque toutefois de ne pas laisser de thème musical véritablement marquant.

 

La Guerre des Rose (2025) est une relecture intéressante, parfois brillante, parfois frustrante. Le film réussit grâce à l’alchimie de son duo d’acteurs principaux et à des dialogues savoureux, mais il manque parfois de mordant et de folie pour être totalement à la hauteur de son sujet.