C'est un conte aussi vieux que le temps. Alice au Pays des Merveilles, Maléfique, Cendrillon, Le Livre de la Jungle... depuis quelques années les studios Disney se sont fait une spécialité de réadapter en "version live" leurs productions animées les plus célèbres. Une entreprise couronnée de succès puisque les recettes mondiales de ces remakes s'étendent de 500 millions à plus de 1 milliards de dollars. Alors qu'il a fêté l'année dernière ses 25 ans, c'est le grand classique animé des studios Disney La Belle et la Bête qui passe cette année sous la baguette du remake "live", pour un résultat enchanteur.


 

Comme Le Livre de la Jungle avant lui, La Belle et la Bête est assurément, et de façon assumée, davantage un remake du long-métrage animé de 1991 plutôt qu'une nouvelle adaptation du conte de fées français. Il s'agit, en l'occurrence, de la transposition la plus fidèle qu'il a été donné de voir pour le moment. Belle, une jeune fille aussi brillante qu’indépendante, est retenue prisonnière dans un château par une Bête hideuse. Bravant sa peur, elle se lie d’amitié avec les domestiques transformés en objets enchantés suite à un sortilège et découvre peu à peu qu’au-delà de l’apparence physique de la Bête se cache un véritable Prince au cœur pur… Il ne faut donc pas attendre ici une relecture complète comme pour Maléfique, mais bien la retranscription fidèle en prises de vues réelles des scènes clés du film animé, dont l'horlogerie est aussi précise que celle de Big Ben. Mais outre la transformation enchanteresse des passages cultes du film, Bill Condon a l'intelligence d'approfondir l'histoire, en justifiant les non-dits et incohérences de l'opus original, donnant à ce remake tout son intérêt. Imbriquée dans une temporalité et une situation géographique précises (la France du milieu du XVIIIe siècle), cette nouvelle lecture gagne évidemment en crédibilité.

 

 

Tous les personnages clés du film d'animation prennent logiquement vie sous nos yeux, avec la fidélité attendue. Emma Watson offre une prestation absolument parfaite, et parvient sans mal à faire oublier les dix années passées sous la chevelure ébourriffée d'Hermione Granger. Dan Stevens endosse les cornes numériques de la Bête dans un travail de motion capture très convaincant, même si le monstre digital n'a pas le charme d'un véritable maquillage. Luke Evans donne vie à un Gaston plus redoutable que jamais. Josh Gad développe le rôle de son camarade LeFou avec beaucoup de charisme. Enfin, Ewan McGregor, Ian McKellen, Emma Thompson, Gugu Mbatha-Raw et Audra McDonald prêtent essentiellement leur voix aux objets numériques du château, leur passage sous forme humaine étant évidemment relativement anecdotique. Tous livrent un travail fabuleux et respectueux de l'oeuvre originale, même si l'on regrette le non-choix d'un acteur français pour le rôle de Lumière. Stanley Tucci a la lourde tâche d'introduire un objet enchanté inédit, le piano Cadenza, sans que celui-ci parviennent à réellement attirer l'attention.

 

 

Véritable hommage au chef-d'oeuvre animé, cette version de La Belle et la Bête ne pouvait être qu'un film musical. Le film reprend ainsi l'intégralité des chansons de 1991, en conservant la grande majorité des paroles en version originale, mais en proposant des réarrangements subtils et respectueux pour coller à la modernité du film "live" et son histoire. Le casting n'éprouve aucune faille à tenir les notes de ce livret exigent. Alan Menken, de retour à la partition musicale, propose en outre quatre chansons inédites qui permettent de mieux personnaliser l'oeuvre de 2017 : "Aria" pendant le prologue, "How Does A Moment Last Forever" interprétée par Belle et Maurice, "Days in the Sun" par les objets enchantés, et "Evermore" interprétée par La Bête. Si les deux premières sont relativement anecdotiques, les deux suivantes sont de jolies réussites, en particulier le morceau du Prince maudit, véritable acmé émotionnel de l'intrigue. "How Does A Moment Last Forever" et "Evermore" sont également reprises dans le générique de fin par deux grandes voix internationales, Céline Dion et Josh Groban, sans oublier le morceau culte "Beauty and the Beast" réinventé par Ariana Grande et John Legend. Evidemment, pour la plus grande joie des nostalgiques du long-métrage animé, les morceaux clés de la partition musicale d'origine ont été conservés.

 

 

La nostalgie. Le réalisateur Bill Condon a manifestement basé son film sur cette notion. Tout est fait ici pour se remémorer, avec tant de frissons (et de larmes!), les émotions qui nous suivent depuis 26 ans. Visuellement, l'esthétisme du film est une réussite, avec un style baroque assumé, et une mise en lumière hypnotisante. Les principales libertés ont finalement été prises sur la reproduction des décors, pour les rendre plus crédibles, avec un soin du détail royal. Les costumes suivent aussi cette logique, en particulier la robe de bal de Belle, source de critiques injustifiées. Même principe pour le nouveau design des objets enchantés, dont le détail et la finesse s'éloigne des traits simples et courbes de l'animation à la main.


Magique et Magnifique, La Belle et la Bête distille ses pétales de roses afin d'enchanter la notion de remake à sa plus grande essence. Avec une prise de risque évidemment inexistante mais toujours fidèle et bienveillante à l'un des films d'animation Disney les plus adulés du studio, cette relecture impressionne par sa capacité à approfondir, si ce n'est améliorer, une histoire devenue éternelle.


 

Quel bel hommage du casting de La Belle et la Bête de débuter sa tournée mondiale de promotion par la ville des lumières : Paris ! Après avoir découvert le film en avant-première lors d'une soirée exceptionnelle, nous avons retrouvé l'équipe du film dès le lendemain pour une conférence de presse dans un grand palace parisien. Emma Watson (Belle), Dan Stevens (La Bête), Luke Evans (Gaston), Josh Gad (Le Fou), Alexis Loizon (Stanley) ainsi que le réalisateur Bill Condon et le compositeur Alan Menken ont ainsi répondu aux questions de la presse et des blogueurs.

 

 

Animatrice : Pourquoi La Belle et la Bête est-elle une œuvre hors du temps ?

Josh Gad : J'ai découvert La Belle et la Bête pour la première fois à l'âge de 10 ans. A l'époque c'était inhabituel de trouver au milieu d'un film ce genre de transformation. Ses chansons m'ont également toujours accompagné. Mes deux filles sont venues sur le plateau pendant le tournage. Elles ont été époustouflées et sont reparties avec des étoiles plein les yeux. Me dire que pour elles leur version de La Belle et la Bête sera ce film est un grand honneur.

Emma Watson : J'ai aussi vu ce film des milliers de fois quand j'étais petite, aucun autre dessin animé ne m'intéressait je voulais toujours La Belle et la Bête ! Il se trouve que je suis née en France, j'y ai vécu jusqu'à l’âge de 5 ans. Quand je suis partie en Angleterre j'ai emporté ce film avec moi comme mon lien avec la France. Belle est pour moi une grande héroïne, très intrépide avec une indépendance d'esprit. C'est ce que j'admirais dans cette œuvre à la musique si romantique. A chaque fois que j'entends ces chansons je me remémore mes sentiments d'enfant quand moi aussi je me demandais si un jour je tomberai amoureuse.

 

Animatrice : Alan Menken, que ressent-on à l'idée de revisiter des chansons que l'on a déjà écrites ?

Alan Menken : Quand on m'a parlé de ce projet je me suis demandé ce qu'on allait pouvoir faire de plus. C'est seulement quand Bill a été nommé réalisateur que nous avons vraiment discuté et je me suis rendu compte qu'il était intéressant de donner plus de consistance et de contexte aux intrigues et chansons de La Belle et la Bête. Beaucoup de chose se sont passées autour du film pendant toutes ces années et c'était très difficile pour moi de m'extraire de ce passé pour trouver une nouvelle inspiration.

 

Animatrice : Bill Condon parlez-nous du casting pour constituer le village français dans lequel vivent Belle et son père.

Bill Condon : Alexis présent ce jour est un acteur français. Le casting pour les membres du village a pris environ un mois. Quand je suis venu en France pour mes recherches sur La Belle et la Bête j'ai assisté à une représentation du musical au théâtre Mogador et j'y ai rencontré Alexis. Il y a peu de vrais français dans cette production mais j'ai eu envie de l'intégrer au casting car son travail sur le musical était extraordinaire.

 

Animatrice : Alexis quelle a été votre réaction quand vous avez appris votre participation à ce projet ?

Alexis Loizon : j'ai été extrêmement intimidé car c’était la première fois que je participais à une telle production. Par ailleurs le casting avait déjà été annoncé, je savais que j'aillais tourner avec ces grands acteurs que j'ai toujours admiré. La pression était énorme. Mais la magie de ce métier fait que tout devient très naturel dès que l'on commence à tourner. Je l'ai fait avec beaucoup d'enthousiasme.

 

Animatrice : Avez-vous aidé Ewan McGregor avec son accent français ?

Alexis Loizon : Alors je ne l'ai pas aidé lui mais je me souviens d'avoir aidé certains acteurs du village pour répéter les « Bonjour » du numéro d'ouverture. Presse : Quel a été le défis principal à relever dans la réalisation de ce remake ? Dan Stevens : la principale difficulté pour ma part concernait la danse. Je jouais sur des échasses, arriver à se tenir les mains avec Emma relevait en soi de l'exploit. Nous devions reposer notre interprétation sur l'autre.

Emma Watson : il y a quelque chose de très intime dans la danse. L'étroitesse de la relation apparaît forcement et on ne peut pas tricher. On est vraiment devenu des associés pour faire de cette danse iconique un moment parfait. La danse devait incarner la naissance des sentiments amoureux entre les protagonistes. Belle est une femme qui devrait être effrayée de danser avec cette bête mais en l’occurrence c'est lui qui avait peur.

 

 

Presse : Quelle scène était la plus dure à tourner?

Bill Condon : en terme de réalisation c'est « Be Our Guest » qui a relevé un véritable défi car Emma était seule sur le plateau et devait danser et interagir avec des objets qui n'existaient pas. Il nous a fallu plus d'un mois de tournage puis 18 mois de post-production pour 3min30 dans le film.

Emma Watson : Effectivement c'était très particulier d'imaginer qu'il y a un chandelier devant vous en train de faire le grand écart. Tous les défis sont réunis dans ce film qui mélange décors réels, musique et effets spéciaux. Josh Gad : J'ai adoré cette séquence car pendant que vous tourniez moi je me promenais en Italie.

 

Presse : Vous utilisez la motion capture pour donner vie à la Bête. Comment avez-vous appréhendé cette technique Dan ?

Dan Stevens : Tous les dix jours je devais recouvrir mon visage de peinture avec cette centaine de petits capteurs, puis on rejouait mes scènes spécifiquement pour enregistrer mes expressions faciales.

Emma Watson : D'habitude vous avez au mieux une balle de tennis pour ce genre d'effet spéciaux. Alors pour moi c'était du rêve car j'avais Dan en face et je pouvais vraiment m'accorder avec lui, ce qui fait toute la différence. Cela donne vraiment toute son humanité à la Bête.

Bill Condon : nous avons construit le visage de la Bête avant le tournage si bien qu’Emma savait déjà à quoi cela allait ressembler. C''était déjà encré dans le réel avant le tournage. C'était un défi avant de commencer le film car ce personnage romantique, le cœur de l'intrigue, est créé à partir d'effets spéciaux. D'habitude ce sont des points sur un visage que les animateurs remplissent dans un second temps. La tous les pores du visage de Dan ont été enregistrés ce qui rend vraiment hommage à la performance de l'acteur.

 

Animatrice : Luke, vous qui avez une expérience de théâtre, j'imagine que ça vous a aidé. Avez-vous donné des astuces à vos camarades qui n'ont pas cet héritage ?

Luke Evans : Ils n'avaient pas besoin de mon aide. Gaston étant un méchant Disney, il est très théâtral, avec un ego plus gros que cette pièce, toujours en train de se moquer de son acolyte LeFou. Donc la dimension théâtrale était déjà présente chez ces personnages, il suffisait de ne pas trop en faire. Bill au début me laissait faire, me disait jamais que c'était trop, c'est la seule fois au cinéma où je pouvais en faire des tonnes alors je me suis donné à cœur joie !

 

 

Presse On sent une belle harmonie entre vous, cette amitié est-elle née pendant le tournage ou a posteriori ?

Emma Watson : On était tous tellement enthousiastes par ce projet que c'était en soi une joie, la camaraderie venait spontanément. On se soutenait tous.

Luke Evans : On est tous allé se promener ensemble dans les décors du village conçus dans le studio de Londres. Les images du film d'animation prenaient véritablement vie sous nos yeux.

Emma Watson : Dan et moi on restait souvent sur le plateau après la fin du tournage rien que pour voir Josh et Luke chanter et jouer leur numéro. Même chose pour la scène avec les loups.

Josh Gad : La première fois que l'on a fait une lecture commune on s'est dit que ce projet était dingue. Je me souviens qu'Emma Thompson s'est levée pour chanter « Beauty and the Beast », on avait tous la chair de poule. On savait que Bill allait nous emmener dans une aventure sans précédent. Nous tous étions émus de voir la création ou re-création de cette histoire de notre enfance, autrefois fantasmée mais dorénavant réelle, comme la salle du bal par exemple.

 

Presse : Comment avez-vous réussi à insuffler de la nouveauté aux personnages et au synopsis tout en étant respectueux de l'œuvre originale ?

Emma Watson : J'étais fascinée par l'idée de mieux connaître l'histoire de Belle, notamment son passé qui n'est pas développé dans le dessin animé. Savoir comment s'est déroulée son enfance, la relation avec sa mère, ce qu'elle aimait faire. De plus, j'étais avide de ces moments d'intimité entre Belle et la Bête, de pouvoir toucher le moment précis où ces deux êtres tombent amoureux. Ils sont tous les deux vifs d'esprit avec un grand sens de la répartie.

 

Presse : La Belle du long-métrage d'animation était résolument féministe, est-ce un aspect du personnage qui est important pour vous ?

Emma Watson : Je voulais surtout que ce soit un personnage intègre, authentique et crédible. On la voit comme une vraie femme dans un monde réel. La fantaisie fonctionne comme cela à mon sens. Pour que la magie puisse fonctionner il ne faut pas qu'il y ait de doute sur la crédibilité du reste. J'espère que les jeunes femmes de 2017 pourront s'identifier à elle comme c'était le cas en 1991 quand le dessin animé est sorti et que Belle a été considéré comme la première princesse Disney féministe.

 

Presse : A propos de la musique, comment apporter de la fraîcheur à des chansons composées il y a 25 ans ?

Alan Menken : En tant que compositeur, je travaille comme un architecte. J'ai eu l'occasion de travailler sur le film d'animation, puis sur le musical de Broadway, donc je sais que la charpente est solide. Il suffisait d'affiner les détails, créer de la dentelle sur l'existant. C'est ainsi que l'on a ajouté trois chansons qui apportent plus de contexte émotionnel. Par exemple dans ce film Maurice construit des boites à musique. Ces boites accompagnent le développement du film si bien que sa chanson «How Does A Moment Last Forever » est ensuite reprise par Belle. Il y a également cette berceuse, "Days in the Sun", chantée par les objets enchantés nostalgiques de leur passé. Ma plus grande contribution a été de composer une chanson pour la Bête, au moment où il libère Belle et découvre le vrai sens de l'amour. Je suis très heureux d'avoir accompagné cette nouvelle évolution de La Belle et la Bête.

 

Presse : Quel lien y a t-il entre ce film et celui de Jean Cocteau ?

Bill Condon : Il s'agit de l'un de mes films préférés. Je l'ai vu avant de découvrir le métrage d'animation. Il m'a notamment inspiré pour appréhender l'atmosphère, les décors ainsi que la figure de la Bête pour mon film. Le portrait très sensible de ce monstre torturé continu de me toucher profondément.

 

Presse : Qu'avez-vous ressenti au moment de voir le film achevé ?

Dan Stevens : C'était très impressionnant de me découvrir sous les traits de ce personnage massif. Il a fallu 18 mois pour donner vie à la Bête, j'en ai suivi chaque étape. Luke Evans : Comme Dan j'ai suivi l'évolution du film suivant les étapes de post-production. C'est un voyage magique et je suis sûr que vous allez adorer le film.

Josh Gad : Les gens ne me parlent que de La Belle et la Bête depuis un an. On a besoin d'un film comme cela de nos jours. Il est profondément bienveillant dans l'époque cynique dans laquelle on vit actuellement. Nous avons besoins de ressentir à nouveau la joie que l'on a vécue en découvrant le dessin animé en 1991.

Emma Watson : Bill et moi avons réalisé il y a deux ans quand on travaillait sur le tournage que l'histoire de La Belle et la Bête se rapporte à notre monde d'aujourd’hui. Ce qui peut être pris comme un conte de fée adressé aux enfants a en réalité une double lecture qui colle à notre époque et s'adresse à un public large.

 

Pour poursuivre cette journée presse féérique, nous avons été conviés à rejoindre le compositeur Alan Menken pour une masterclass en petit comité dans les coulisses de la musique de La Belle et la Bête.

 

Retour près de 30 ans en arrière. En pleine pré-production de ce qui allait devenir le chef d'œuvre animé La Belle et la Bête, les studios d'animation Disney font une nouvelle fois appel au binôme Alan Menken et Howard Ashman pour composer les chansons et la musique de leur prochaine grande production, peu après l'immense succès de La Petite Sirène. La première étape pour l'élaboration de la partition d'un film musical est de comprendre si l'histoire peut aboutir à une bonne musique. Il est très important d'avoir un style musical adapté et unique pour chaque comédie musicale. Pour La Belle et la Bête, certains choix s'imposaient : un style français et classique, dans l'héritage du vaudeville et de l'opérette, sans oublier une dimension de mystère et d'histoire d'amour.

 

 

L'évolution d'un compositeur est très intéressante. En particulier en début de production, la liberté prime, tout est à créer sans restriction. En fin de production, le réalisateur a déjà une trame fixée en tête et le compositeur doit coller à cette narration. Pour le "Prologue", le réalisateur avait commencé à travailler avec un morceau du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns, et malgré les nouvelles partitions proposées par Menken, la direction du studio est restée fixée sur cette mélodie emblématique de 1886, dont le compositeur a finalement tiré l'inspiration pour produire l'incroyable ouverture musicale que nous connaissons.

 

Vient ensuite la chanson "Belle", deuxième séquence d'ouverture où l'on fait la connaissance de Belle dans sa traversée matinale d'un petit village français. Un morceau introductif de plus de six minutes qui a causé bien des frayeurs aux deux musiciens, tant il était incongru de proposer un aussi long numéro musical dans un film d'animation. Evidemment, à l'époque tous les tests musicaux et leur validation par la direction passaient par l'envoi de cassettes audio, et après une semaine d'une interminable attente, Alan et Howard ont enfin reçu la réponse enthousiaste de l'équipe du studio.

 

Beaucoup d'attention a été portée à la musique de La Belle et la Bête pour que le film porte toutes les caractéristiques d'une grande production Disney, et dans un autre contexte une musique complètement différente aurait pu être proposée. Parmi les spécificités du long-métrage Disney, il y a bien sûr les objets enchantés, et le côté très extravagant et caricatural de Gaston et LeFou. Le fait d'avoir cet homme de Neandertal qui dispose en plus de ses admirateurs non plus malins qui vont chanter une ode à ce gros dur était du pain béni pour l'écriture d'une grande chanson de comédie, "Gaston". Une collaboration dingue et hilarante entre Alan et Howard.

 

Les objets enchantés du château ont principalement été mis en valeur dans la célèbre séquence "Be Our Guest / C'est la Fête" où, sur l'initiative de Lumière, ils décident de faire un diner pour Belle. Mais qu'est ce qu'un diner sans musique ? S'enchaine alors directement le roulement de tambour et le morceau. Cette absence de transition a fait l'objet d'intenses négociations avec le réalisateur, afin que la réplique soit directement incluse dans la musique. Menken a alors fourni à Ashman une partition brouillon un peu folle pour qu'il puisse démarrer l'écriture du texte, dans l'objectif de retravailler la musique dans un second temps, mais Alan n'a jamais réussi à se détacher de cette puissante ébauche qui est devenue la mélodie définitive.

 

Pour le titre culte "Beauty and the Beast / Histoire Eternelle", l'objectif était pour la première fois d'écrire un morceau qui puisse vivre en dehors du film, comme un véritable single. Paris évidemment réussi pour Alan Menken et Howard Ashman qui ont livré un véritable tube.

 

Même si aucune chanson du musical de Broadway n'apparait dans le film de 2017, tout le travail réalisé sur le spectacle a évidemment servi à Alan Menken pour retravailler la musique du remake. En particulier le morceau "If I Can't Love Her / Apprendre à Aimer" qui clôt le premier acte du show a inspiré la nouvelle chanson de la Bête, "Evermore / Ensemble à Jamais". Les autres nouvelles compositions notables sont "How Does a Moment Last Forever / Je Rêve d'une Histoire sans Fin", un doux moment de complicité entre Belle et Maurice, et "Days in the Sun / Jours Enchantés" qui remplace sur un ton plus calme et émotionnel la séquence "Humains à Nouveau". De cette manière, aucune chanson non utilisée durant la production du film de 1991 n'a été réutilisée pour le remake.

 

Nous aurons peut-être la chance de retrouver bientôt Alan Menken sur la musique des remakes live de La Petite Sirène et Aladdin, tous deux en développement !