L’Appel de la Forêt est la cinquième adaptation cinématographique du classique littéraire éponyme de l’écrivain américain Jack London, publié pour la première fois en 1903. Cette histoire universelle d’amitié entre un chien et son maître bénéficie ici des dernières technologies pour magnifier les étendues sauvages de l’Alaska et donner vie aux héros à quatre pattes. Allons-nous répondre au nouvel appel lancé par les studios 20th Century ?

 

 

Buck est un chien au grand cœur mais très turbulent, dont la paisible vie domestique bascule lorsqu’il est brusquement arraché à sa maison Californienne et se retrouve enrôlé comme chien de traineau dans les étendues sauvages du Yukon en Alaska, pendant la ruée vers l’or. Buck va devoir s’adapter et lutter pour survivre, afin de vivre l’aventure de sa vie aux côtés de maîtres inattendus, tel que Perrault (Omar Sy), l’espiègle facteur des contrées sauvages ou le solitaire John Thornton (Harrison Ford). Cette version prend alors quelques libertés avec le conte original, dont l’aspect contemplatif est mis à mal par de nouvelles scènes d’actions de grande ampleur, à l’instar d’une séquence d’avalanche à grand spectacle.

 

 

A la différence des précédentes adaptations qui mettaient en scène de vrais chiens, L’Appel de la Forêt version 2020 leur préfère malheureusement des avatars en CGI. Ainsi, le héros du film Buck (un croisé St Bernard/Scotch Collie) et ses compères ne sont fait que de poils factices, des millions de pixels créés par la magie d’Hollywood et la motion capture. Le résultat visuel est pour le moins déroutant : leurs expressions très humaines dénotent, leurs mouvements et comportements semblant trop synthétiques et relevant davantage d’un film d’animation qu’un film en prises de vues réelles. Rien de finalement très étonnant avec Chris Sanders derrière la caméra, réalisateur de renom qui excelle dans la direction des films d’animation (Lilo & Stitch, Dragons). Un rendez-vous manqué ? A de rares exceptions près, les décors sont également réalisés en images de synthèse, si bien que cet Appel de la Forêt n’a plus vraiment rien de naturel. Bien que factice, la cinématographie demeure d’excellente facture, portée par le doublement oscarisé Janusz Kaminski.

 

 

Seul le casting humain, avec des acteurs en chair et en os, permet d’ancrer le film dans la réalité à l’instar de l’adaptation du Livre de la Jungle par Jon Favreau, la qualité des effets spéciaux en moins. Le traitement qui leur est réservé est assez disparate. Le couple de livreurs de courrier campé par les très sympathiques Omar Sy et Cara Gee occupe la première partie du récit. L’interaction du duo avec la joyeuse meute est très agréable et leurs aventures dans les étendues enneigées du Yukon se suivent avec plaisir. Alors que la promotion du film s’appuie sur le charismatique Harrison Ford, son personnage n’intervient qu’au milieu du récit lors d’une seconde aventure plus mesurée. L’acteur de 77 ans n’a rien perdu de son aura (malgré une barbe blanche des plus volumineuses !) et capte le spectateur à chacune de ses apparitions. Le traitement réservé au principal antagoniste humain, Hal, est cependant raté. L’interprétation de Dan Stevens est caricaturale, la réécriture du personnage par rapport au roman ne lui faisant guère honneur. Notons enfin une partition musicale léchée de John Powell (Solo, Dragons) magnifiant parfaitement les étendues sauvages d’Alaska.

 

L’Appel de la Forêt est un film éminemment sympathique, touchant, au message écolo dans l’ère du temps. La profondeur émotionnelle de l’interprétation du vétéran Harrison Ford est à souligner. Le film souffre néanmoins d’effets visuels à foisons souvent défaillants, si bien que cet appel à la nature manque de charme et n’a plus vraiment rien de naturel.