Après une décennie de gestation et une sortie repoussée d’un an suite à la pandémie de Covid-19, Jungle Cruise arrive enfin au cinéma. A mis chemin entre Pirates des Caraïbes et La Momie, Jungle Cruise est le film d’aventure dont le cahier des charges semblait taillé pour embarquer les spectateurs dans une croisière exaltante, au risque de parfois prendre l’eau.

 

 

Chercheuse intrépide, la doctoresse Lily Houghton quitte Londres avec son frère pour l’Amérique du Sud à la recherche du légendaire arbre de vie, dont les feuilles seraient un remède miraculeux et pourraient changer la médecine. Pour descendre le fleuve Amazone, elle engage Frank, un capitaine roublard aussi douteux que son vieux rafiot délabré, La Quila. Le trio s’engage alors pour une aventure épique dans la jungle mythique regorgeant de créatures extraordinaires et de terribles malédictions…  Comme Pirates des Caraïbes ou La Maison Hantée, Jungle Cruise s’inspire d’une célèbre attraction de Disneyland. Les fans seront comblés par les nombreuses références à l’attraction éponyme pour les chanceux qui ont pu la découvrir outre Atlantique. Au-delà de ces clins d’œil savoureux, le synopsis d’une construction traditionnelle peine à surprendre le spectateur rodé à l’exercice du film d’aventures. Certes l’atmosphère qui se dégage de Jungle Cruise est une invitation au voyage et à l’exotisme mais peine par son manque d’originalité et l’absence de prise de risque. Et oui il est encore question de malédictions dans ce film dont le synopsis lorgne énormément sur la saga à succès Pirates des Caraïbes. On y retrouve les mêmes codes : un héros solitaire, un trésor à découvrir, un équipage maudit… le tout transporté dans la splendeur luxuriante de l’Amazonie. La première partie du film à Londres rappellera quant à elle le premier acte du cultissime La Momie. La proposition de faire revivre les grands films d’aventures « à l’ancienne » est donc laborieuse, trop contemplative des films du passé pour trouver sa propre identité. Reste quelques scènes sympathiques tout au long du voyage et un humour plutôt sympathique.

 

 

Disons-le, l’intérêt du film repose avant tout sur son casting. Dwayne Johnson et Emily Blunt ont une alchimie indéniable, offrant à Jungle Cruise une identité salvatrice. Dwayne Johnson est certes toujours très charismatique, mais son personnage du skipper Frank demeure trop lisse et convenu pour en faire un héros digne de Jack Sparrow ou Indiana Jones. Emily Blunt délivre comme à son habitude une performance délicieuse, ajoutant à son personnage du siècle passé une fougue et des valeurs modernes d’indépendance bienvenues. Les personnages secondaires sont également d’excellente facture. MacGregor, le frère de Lily, est interprété par Jack Whitehall, tout à fait crédible en dandy anglais inapte au voyage amazonien. Si l’initiative d’en faire un des rares personnages gay de Disney est tout à fait louable, le sujet est traité de façon trop peu subtile pour que la tentative soit salutaire. En outre la sexualité du personnage n’apporte absolument rien au récit et ne justifie pas cette précision. On regrettera dans l’écriture du personnage trop de similitudes avec celui de l’inégalable John Hannah alias Jonathan dans La Momie. Le méchant porté par Edgar Ramirez est de bonne facture mais desservi par des effets visuels défaillants.

 

 

En effet, Jungle Cruise déçoit dans la conception de ses effets spéciaux dont la qualité ne semble pas correspondre à son conséquent budget. On signalera notamment l’aspect très factice de la faune et de la flore alors que le studio nous avait habitué à l’excellence avec Le Roi Lion ou Le Livre de la Jungle. On regrettera également une utilisation à l’excès du fond vert, alors que le film se prêtait parfaitement aux décors naturels. La partition musicale enjouée de James Newton Howard est très agréable, mais n’atteint pas la virtuosité des thèmes ayant fait des bandes originales de Pirates des Caraïbes ou de La Momie des succès planétaires.

 

Renouant avec le genre de l’aventure délaissé au profit des supers héros, Jungle Cruise est un bon divertissement familial et estival. Si l’intérêt du film repose essentiellement sur ses acteurs charismatiques, on regretta un manque d’originalité dans son propos calqué sur Pirates des Caraïbes ou La Momie dont il peine à atteindre l’aura.