Il y a trois ans, Split créait la surprise quand sa conclusion le relie au thriller Incassable, sorti en 2000 sous la bannière Touchstone Pictures. Glass s'annonce donc comme le cross-over qui réunit définitivement les deux univers au sein d'un même film.

 

 

Peu de temps après les événements de Split, David Dunn (Bruce Willis), devenu un justicier de l'ombre, traque Kevin Crumb (James McAvoy) et sa personnalité surhumaine La Bête. Mais les deux individus se retrouvent vite internés à l’hôpital psychiatrique de Raven Hill. Ils sont pris en charge par le Dr Ellie Staple (Sarah Paulson), qui s'est fait une spécialisation des individus persuadés d’être des super-héros de bande dessinée. Elle s’occupe notamment d’un troisième patient souffrant de la même maladie présumée, Elijah Price (Samuel L. Jackson). Ce troisième opus d'un triptyque inattendu est donc l'occasion de réunir le casting des deux précédents films, dont Anya Taylor-Joy vue dans Split ou encore Spencer Treat Clark qui reprend son rôle du fils de Dunn 19 ans après Incassable. Un véritable "Avengers" sans les effets spéciaux.

 

 

L'originalité de Glass trouve en effet son fondement dans cette nuance perpétuelle entre le réel et la fiction. Dunn et Crumb sont-ils de véritables personnalités hors du commun ou des fous ? L'équilibre est fragile, presque philosophique. Dès lors, la réunion des trois individus dans l'espace clôt de l'hôpital phsychiatrique, leur façon d'interagir ensemble, se révèlent particulièrement intéressantes. Et pour cause, le héros et le méchant s'affrontent dans le monde réel, en contradiction complète avec les super-héros bodybuildés et les vilains démoniaques de Marvel ou DC Comics. Les combats se révèlent furieusement intenses, voulant préserver ce lien délicat entre fiction et réalité. On appréciera également les références régulières qui sont faites à l'univers des Comics.

 

 

Il faut dire que M. Night Shyamalan connaît bien son sujet, lui qui avait déjà réalisé Incassable et Split, mais aussi de gros succès comme Sixième Sens, Signes ou Le Village. Le réalisateur navigue en terrain connu en proposant une nouvelle fois un thriller mystique dont il a lui seul le secret. Les quelques facilités de scénario seront des déceptions mineures, rapidement oubliées face au prestigieux casting. Bien que l'effet de surprise soit passé, la performance de James McAvoy, campant les 23 personnalités de la Horde, n'en demeure pas moins aussi impressionnante. Il trouve en Bruce Willis un adversaire de taille, dont la carrure et le charisme impose toujours autant le respect. Samuel L. Jackson est une fois de plus méconnaissable dans la peau du super vilain qui donne son nom au film, Mr Glass. Enfin, nouvelle venue dans la trilogie, Sarah Paulson incarne un personnage énigmatique, dont l'évolution au cours du film se révèle bien plus complexe.

 

Dernier chapitre d'une trilogie "secrète" en gestation depuis près de 20 ans, Glass brille par le contre-pied qu'il offre aux films hollywoodiens de super-héros. Même si les effets de surprises d'Incassable et Split se sont dissipés,  l'interaction entre les personnages est inédite, portée par un casting héroïque.