Voilà 22 ans que Pixar nous fait voyager dans ses films. Mais pour Coco, le studio à la lampe frappe fort puisqu'il nous emmène explorer... le royaume des Morts ! Un voyage incroyable plein de couleur, de musique et d'émotion.

 

 

Pour leur 19e long-métrage, Pixar Animation Studios nous fait voyager dans l'incroyable folklore du Mexique, en particulier sa célèbre fête des morts, le Dia de los Muertos, et bien sûr la culture musicale. Pourtant, à cause d'une tragédie familiale remontant à plusieurs décennies, la musique est totalement bannie dans la famille de Miguel. Un vrai déchirement pour le jeune garçon dont le rêve ultime est de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto de la Cruz. Bien décidé à prouver son talent, Miguel, par un étrange concours de circonstances, se retrouve propulsé dans un endroit aussi étonnant que coloré : le Pays des Morts. C'est donc un double voyage que nous propose Pixar. Le mondes des Vivants nous embrase par la richesse de sa culture et de ses personnages, mais ce n'est rien comparé à l'émerveillement incroyable que procure la visite du monde des Morts. Avec Monstres et Cie ou encore Vice-Versa, Pixar a largement prouvé son aptitude à développer des mondes imaginaires, mais rien ne peut préparer à la richesse visuelle et scénaristique de Coco. Plus qu'un Chemin de Traverse, l'au-delà inspire un onirisme étonnant avec ses habitants, son fonctionnement et ses coutumes.

 

 

Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, Rebelle, Vice-Versa... la famille est un thème récurrent des investigations de Pixar. Mais le sujet n'a jamais été traité avec autant de profondeur, et de cœur. Et ceci est sans doute rendu possible par le soin colossal qui a été donné à la conception des personnages. Malgré un nombre de protagonistes très élevé, la plupart réussissent à administrer leur personnalité et leur importance au récit, à commencer par le petit Miguel, ultra-attachant. La performance du jeune comédien Andrea Santamaria est à saluer, tant la prestation vocale est naturelle et pleine de charme. Du côté des vivants, Abuelia et Mamá Coco étonnent par leur capacité à nous remémorer les meilleurs souvenirs de nos proches. Mais c'est surtout du côté des anciens que le casting est le plus jouissif. Hector, merveilleusement incarné par Ary Abittan, est un parfait compagnon d'aventure pour Miguel et ses motivations ne peuvent que toucher, pour peu que Mamá Imelda, indomptable chef de famille, ne lui vole la vedette.

 

 

Après le triomphe de Toy Story 3, Lee Unkrich montre une nouvelle fois sa capacité à gérer un film d'une main de maitre. Visuellement, Coco est un émerveillement de chaque instant et peut se targuer d'être l'un des rares films à nous donner envie de passer l'arme à gauche (qui a dit Noces Funèbres ?). L'humour sonne juste mais c'est surtout par sa capacité à émouvoir que Coco frôle le génie, sans jamais tomber dans la caricature ou le cliché. La façon dont la mort, la vieillesse, le deuil sont traités offrent des degrés de lecture qui permettront à tous, peu importe l'âge, d'apprécier ces thèmes pourtant difficiles d'accès et peu fédérateurs. Enfin, le vétéran de la musique pixarienne Michael Giacchino finit de parfaire l'opus, tout en introduisant les charmantes chansons de Germaine Franco, Adrian Molina, Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez, parsemées dans le récit avec logique et fluidité.

 

Qui d'autre que Pixar aurait pu traiter la Mort avec autant de Vie ? Par la force de son histoire, de son folklore, de ses personnages, Coco est un pur chef d'œuvre d'émerveillement, de charme, de couleurs, et surtout d'émotion. Una pepita à partager en famille, un paquet de mouchoirs à portée de main.

 

 

A l'occasion de l'avant-première française de Coco à Paris, l'équipe de Disney Next a eu la chance de rencontrer l'équipe du film dans un palace parisien avec d'autres bloggueurs de la Disneysphère. Retour sur une rencontre pleine de couleurs, et ça commence avec le réalisateur Lee Unkrik et la productrice Darla Anderson.

 

 

Presse : Quels étaient les plus grands défis en terme d'animation pour Coco ?

Lee Unkrich : L'un des plus grands défis sur Coco était la création des squelettes. Il fallait les rendre sympathiques et attachants. Nous ne voulions pas qu'ils soient effrayants. Nous avons passé beaucoup de temps avec les équipes d'animation pour leur donner un physique différent des squelettes que l'on peut voir dans les autres films d'animation.

 

Presse : Coco est indéniablement un film musical. Était ce un projet d'en faire un film musical dès le début ?

Darla Anderson : Le film n'était pas du tout prévu pour être un musical au début de la pré-production. Mais lorsque nous nous sommes rendus au Mexique pour les recherches sur le film, l'atmosphère musicale qui y régnait nous a véritablement inspiré.

Lee Unkrich : Nous avons pensé Coco comme le film O'Brother des frères Cohen : la musique fait parti de l'ADN du film sans être forcement un musical. Dans Coco, la musique est au centre de l'intrigue mais ce n'est pas pour ça que vous verrez des personnages chanter tout au long de l'histoire.

 

Presse : La chanson « Remember Me », qui est au centre du film, est-elle venue tout de suite dans la production ? Les époux Lopez ont-ils été impliqués dans la création des chansons dès le début ?

Lee Unkrich : L'idée pour cette chanson est venue très tôt. On souhaitait une chanson qui puisse être chantée de façon très différente tout au long du film, à la fois très festive mais aussi qui comme ballade. C'est le challenge que l'on a proposé à Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez qui sont des amis de longue date. Ils sont donc revenus avec cette chanson très rapidement au début de la création du film, alors que l'histoire était très différente. Mais la chanson a été conservée malgré les modifications de scénario.

Darla Anderson : C'est vraiment une magnifique chanson dont on ne se lasse pas, même après des dizaines d'écoutes.

 

Presse : Pixar est réputé pour ses histoires simples mais abordant des thématiques complexes. Au-delà du message de transmission, de la quête de ses rêves, il y a la thématique de la mort qui est prépondérante. Avez vous dû épurer des passages du récit pour le résultat final ?

Lee Unkrich : Nous n'avons pas vraiment épuré l'histoire. La mort fait parti du Dia de los Muertos, nous devions donc évidement aborder ce thème. Mais je ne dirais pas que le film traite de la mort. Dans une première version du film, le scénario traitait davantage du deuil, comment dire au revoir à une personne que l'on aimait quand il meurt. C'était un peu lourd. Mais nous avons réalisé que Le dia de los Muertos est le contraire de tout ça ; c'est sur le fait de ne jamais oublier. L'autre histoire reflétait plus la vision américaine de la mort, alors que nous voulions faire un film sur la famille, dans une vision beaucoup plus mexicaine.

 

Presse : Quelles sont les différences entre le monde des morts et celui des vivants ? Avez vous un monde préféré ?

 Darla Anderson : Pour faire le mondes des vivants nous avons visités beaucoup de petits villages mexicains. Le monde vivant est rendu de manière horizontale si bien que le monde des morts devient très vertical, très coloré et explosif.

Lee Unkrich : Nous voulions vraiment jouer sur le contraste entre les deux mondes. Les couleurs sont en effet limitées chez les vivants, avec une nette prédominance de orange. Chez les ancêtres, toutes les autres couleurs sont représentées et se mélangent, un peu comme Dorothée qui entre au pays d'Oz plein de couleurs. Je suis allé au Mexique qui est un pays magnifique, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir celui des ancêtres, alors il est difficile de choisir un monde préféré.

 

Presse : Pourquoi avoir choisi le titre « Coco » alors que le personnage apparaît finalement peu dans le film ?

Lee Unkrich : Même si elle apparaît peu, Coco est un personnage central du film. J'aime le mystère autour de ce titre... au début on ne comprend pas forcement ce choix qui devient limpide en fin de projection.

 

Presse : Monstres et Cie ou Toy Story 3 sont des films très émouvants également. Comment Pixar arrive t-il à aussi bien doser l’émotion dans ses films ?

Lee Unkrich : On ne sais pas vraiment. On essaie juste de raconter des histoires universelles avec de bons personnages, qui touchent tous les êtres humains. Egalement, nous laissons de la place aux scènes d'émotion, nous les laissons s'installer et respirer, afin que l'émotion soit à son paroxysme. Toutes les versions du film avaient cette scène finale si touchante, et à chaque projection test toute l'assemblée pleurait !

 

Presse : Il s'agit de votre seconde collaboration avec les studios Pixar après Toy Story 3, soit sept ans après. Pourquoi avoir mis autant de temps ?

Lee Unkrich : Parce qu'il faut beaucoup de temps pour faire un film ! La production de Coco a duré 6 ans à partir du moment où j'ai présenté mon idée en septembre 2011. Tout est très long dans la création d'un film de ce genre, notamment le développement des personnages et de l'animation. Je tenais aussi particulièrement à ce que le film sorte à Noël.

Darla Anderson : On est tellement passionnés tout au long de la production que parfois on se dit « Oh zut il nous reste que 3 ans et demi pour finir le film » !

 

La journée presse se poursuit avec l'arrivée des voix françaises du film, Ary Abittan qui incarne Hector, et le jeune Andrea Santamaria qui joue Miguel.

 

 

Presse : Quelle a été votre réaction quand on vous a proposé de faire ce film ?

Ary Abittan : Ça a été très fort car étant enfant je rêvais de devenir acteur mais aussi de pouvoir un jour doubler un personnage Disney. Ma réponse fut donc très rapide.

Andrea Santamaria : Quand la directrice de casting m'a contacté pour participer au casting j'ai forcement dit oui car doubler dans un Disney-Pixar est une opportunité incroyable.

 

Presse : Comment s'est passé le travail entre vous deux, avez-vous doublé ensemble ?

Ary Abittan : Le doublage du film s'est effectué séparément mais nous avons eu une session ensemble pour le doublage de la bande-annonce. On a également chanté ensemble pour le film.

Andrea Santamaria : J'adore Ary ! Il est très drôle. On s'est très bien entendu pendant le doublage.

 

Presse : Justement comment avez-vous travaillé sur les chansons ?

Ary Abittan : On a reçu les chansons en amont. D'habitude je chante juste pour plaisanter mais là il s'agissait d'un vrai travail pour apprendre les chansons et poser ma voix dessus. C'est à refaire car ça m'a bien plu de chanter !

Andrea Santamaria : J'avais déjà une expérience en musique car je suis guitariste mais pas du tout chanteur. Ça a été un vrai apprentissage sur Coco. C'est à refaire également.

 

Presse : Ary, vos enfants ont-ils vu le film et êtes-vous conscient que votre rôle va les faire pleurer ?

Ary Abittan : Je vois à quelle séquence vous faites allusion, j'ai notamment accepté de faire ce film pour elle. Elle est bouleversante. Ce film parle de transmission et va parler à ma place, et leur dire que tout ça fait parti de la vie. Ça va être un film pour l'éternité, pour mes enfants et leurs propres enfants.

 

Presse : Ary, on a l'habitude de vous voir dans des films plus comiques. Ce rôle est plus sérieux et émotif. Que vous a t-il apporté entant qu'acteur et père ?

Ary Abittan : Oui effectivement on m'a rarement proposé ce genre de rôle dramatique. Mais ça fait parti de mon travail d'acteur d'avoir la même authenticité dans les scènes comiques et dramatiques.

 

Presse : Avoir lu le script est-il une aide ou un handicap ?

Ary Abittan : Pas vraiment, car il faut lire le script pour le digérer et ça aide à être le plus sincère possible.

 

Presse : Andréa tu as déjà une expérience dans le doublage puisque tu as interprété le Petit Prince. En quoi l'expérience sur Coco était-elle différente ?

Andrea Santamaria : Le Petit Prince était ma première grande expérience dans le doublage mais Coco est le film qui va marquer ma vie. Miguel est vraiment le rôle principal avec une multitude d’émotions.

 

Presse : Andréa, tu souhaites être musicien plus tard comme Miguel. Cela t'a t-il aider à interpréter ce personnage ?

Andrea Santamaria : Je ne sais pas encore si je serai musicien plus tard, je suis encore jeune. En tout cas j'ai la chance de grandir dans une famille d'artistes et d'avoir des parents ouverts à ce monde. Il m'a donc été facile de me mettre à la place de Miguel. Si mes parents m’avaient interdit de pratiquer la musique ça aurait été horrible. C'est un personnage très joyeux et déterminé.

 

Presse : Avez-vous vu la version originale avant de faire votre doublage ? Est ce un support de travail pour vous ?

Ary Abittan : Nous avons eu le plaisir de voir quelques scènes en version originale. Cela nous donne une petite idée de l'intonation et des voix mais on peut s'approprier les dialogues pour proposer notre propre interprétation.

 

Presse : Quel est votre monde préféré dans le film : celui des ancêtres ou des vivants ?

Ary Abittan : Le monde des ancêtres est nouveau pour tout le monde. J'espère que cela se passe vraiment comme ça ! Surtout si les stars du monde des vivants le restent chez les morts, cela m'intéresse ! (rires).

Andrea Santamaria : Moi je préfère le monde des vivants car c'est la vie, c'est magique.

 

Presse : Il a aussi le thème de l'interdit dans le film. Votre famille vous a t-elle toujours soutenu dans votre envie de mener une carrière artistique ?

Ary Abittan : Effectivement mes parents sont toujours venus me voir dans mes spectacles, en payant leurs places. La famille est très importante dans ce film. Pour savoir qui on est il faut savoir d’où on vient. En tant qu'homme on veut soit tout faire comme notre père, soit tout le contraire. En tout cas on ne sera jamais indifférent à ça.

 

Presse : Comment devient-on doubleur quand on est enfant et comment ça se passe à l'école après ?

Andrea Santamaria : Comme je suis né dans un milieu d'artistes ça a été facile d'intégrer ce monde. Ma mère m'emmenait sur les plateaux de tournages et j'ai voulu essayer très rapidement. Ça a été mes premières expériences au cinéma. J'ai eu vraiment envie de continuer, c'est vraiment ma passion avec la musique. A l'école j'essaye au minimum d'en parler mais mes amis les plus proches sont un soutien précieux.

 

Presse : Avez vous cherché à modifier votre voix ?

Ary Abittan : C'est venu naturellement quand j'ai vu Hector se déplacer à l'écran. J'ai eu envie de garder ma voix avec un petit timbre en plus. La chanson m'a également aidé à trouver la voix d’Hector

Andrea Santamaria : Pour trouver la voix de Miguel c’était facile car on se ressemble beaucoup. Il joue de la guitare comme moi, a 12 ans, il est très joyeux et pétillant.

 

Presse : Et pour les passages en espagnol, était-ce un travail compliqué ?

Andrea Santamaria : Cela n'a pas été trop dur car je suis d'origine italienne, ce qui reste assez proche de l'espagnol.