Depuis plusieurs années les Walt Disney Studios se font une spécialité d'emmener le spectateur dans des mondes parallèles imaginaires. Le Monde de Narnia, Alice au Pays des Merveilles, Le Monde Fantastique d'Oz, A la Poursuite de Demain ou encore Un Raccourci dans le Temps se sont enchainés avec des succès critiques et commerciaux disparates. Pour ce nouveau voyage, les studios profitent des fêtes de fin d'année pour adapter un classique de Noël, le conte de Casse-Noisette. Alors que Disney évolue en terrain connu, la magie peine étonnement à faire son oeuvre.

 

 

L'histoire originale de Casse-Noisette et les Quatre Royaumes trouve son inspiration au sein de deux oeuvres, le conte allemand du XIXème siècle Casse-Noisette et le Roi des Souris d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, et du célèbre ballet-féerie de Piotr Ilitch Tchaïkovski dont il est lui-même l'adaptation. De grandes libertés ont été prises par rapport à l'oeuvre classique afin de faire de Casse-Noisette et les Quatre Royaumes plus un film de fantasy qu'un conte de fées. Si la transformation fonctionnait bien avec Alice au Pays des Merveilles, le mélange des genres est déroutant sur Casse-Noisette tant l'environnement fantastique créé peine à être crédible. Disney, qui s'est pourtant révélé maître dans l'art d'adapter des contes courts pour le grand écran, se révèle incapable d'enrichir l'oeuvre originale avec du matériel d'interêt. Le scénario est simple, l'univers peu développé, et les événements s'enchaînent autour d'une quête pour laquelle le spectateur se révèlera peu sensible.

 

 

L'héroïne Clara est interprétée par Mackenzie Foy, découverte il y a quelques années dans la saga Twilight. La jeune actrice offre une prestation pleine de charme et de fraîcheur, et se révèle être l'une des forces du film. Mais difficile de tenir tout un blockbuster sur les seules épaules d'une adolescente. Bien que plus expérimentée, Keira Knightley  n'apporte qu'une aide mineure, tant le personnage de la Fée Dragée est irritant, autant par sa voix que son costume. Le Casse-Noisette, sensé être un élément central du film, est réduit au rôle de faire-valoir de l'héroïne et le charisme de Jayden Fowora-Knight, inconnu du grand public, est clairement insuffisant pour porter le titre du conte. Restent Morgan Freeman et Helen Mirren dont les contributions au récit amènent une profondeur et une double lecture bienvenue.

 

 

La meilleure idée du film est sans doute celle d'avoir conservé son époque d'origine, celle de l'Angleterre Victorienne. Dès lors, les premières minutes introductives sont les plus réussies du long-métrage, offrant des décors et costumes londonniens dépaysants et les lumières d'une fête de Noël du XIXème siècle éblouissantes. Tout s'effondre dans le monde fantastique, et numérique, de Casse-Noisette. Les effets spéciaux ont été utilisés à outrance et avec une approximation inconcevable pour la maison de Mickey. Les couleurs criardes et les fonds verts à fusion aveuglent le spectateur qui n'y trouvera aucune crédibilité ni aucun charme. Heureusement quelques jolis décors hivernaux et l'obscurité du Quatrième Royaume sauveront le public de la cessité. On salue en particulier la recherche graphique autour de l'identité des quatre royaumes.

 

Le ballet racontant l'histoire des quatres royaumes est un autre exemple d'une mise en scène charmante et sophistiquée, une séquence poétique bienvenue dans la réalisation inégale de Lasse Hallström et Joe Johnston, magnifiée par la courte prestation de la danseuse Misty Copeland. Et un joli clin d'oeil au ballet de Tchaïkovski. Un clin d'oeil qui ne s'arrête pas à cette séquence puisque des portions du livret musical ont été judicieusement incorporées à la bande-originale de James Newton Howard. La musique, magique et travaillée, est ainsi la vraie puissance du film. Le spectateur retrouvera en particulier avec plaisir les airs bien connus de la séquence éponyme de Fantasia.

 

Casse-Noisette et les Quatre Royaumes est la déception d'un cadeau de Noël qui ne remplie pas ses promesses. La qualité de la musique et le charme de l'héroïne ne parviennent pas à équilibrer de lourdes faiblesses de scénario et une utilisation déraisonnée du numérique. Casse-Noisette reste malgré tout un joli conte de Noël à partager en famille, sans toutefois abuser des sucreries.