Deux ans après Captain America : Le Soldat de l'Hiver et un an après Avengers : l'Ere d'Ultron, Steve Rogers ouvre la 3ème phase de l'Univers Cinematographique Marvel avec l'un des films les plus attendus de l'année : Civil War. Une adaptation d'autant plus espérée qu'elle s'inspire du célèbre comics éponyme et permet le retour prématuré de nombreux héros avant le troisième opus d'Avengers. Et c'est une réussite ! Les frères Russo (déjà derrière la caméra pour Le Soldat de l'Hiver) livrent un film puissant, bourré d'action et d'émotion, aux enjeux complexes consolidant un peu plus l'univers partagé.

 

 

 

Parfaitement ancré dans le MCU, Captain America : Civil War s'inscrit dans la suite d'Avengers : l'Ere d'Ultron qui posait les bases des événements de ce nouvel opus. Steve Rogers dirige une nouvelle équipe d'Avengers dans leurs efforts continus pour protéger l'humanité aux coté de Black Widow, le Faucon et la Sorcière Rouge. Après New York, Washington, la Sokovie et un nouvel incident à Lagos impliquant l'un des héros, la pression des politiques monte pour instaurer un système de recensement et un corps encadrant afin de déterminer quand faire appel aux services de l'équipe. Ce nouveau status quo imposé par les Nations Unies divise les Avengers, Captain America et Iron Man en tête, le premier attaché à conserver son libre arbitre, le second ne supportant plus de voir des innocents payer les dommages collatéraux...

 

 

 

Ainsi, Civil War bénéficie probablement du scénario le plus sombre et le plus élaboré des films du MCU. Les enjeux exposés dans cet opus sont clairement moins manichéens que ceux des précédentes aventures des Avengers. Pas de Loki ou Ultron ici, la frontière entre gentils et  méchants est plus subtile avec ces deux équipes de héros qui s'opposent. Profondément politique, l'intrigue de Civil War se construit autour des enjeux de ces accords encadrant les Avengers et s'attarde sur la division des héros et le soutiens de nouvelles recrues comme Ant-man, Black Panther ou le très attendu et inespéré Spider-man. Le spectateur est inévitablement heurté par cet affrontement dont l'issue est incertaine, le capital sympathie pour les deux clans étant difficile à écarter. Dès lors, impossible de se détacher émotionnellement de Civil War qui, malgré son lot de scènes d'actions, apporte une émotion encore rarement vue dans l'univers partagé jusqu'à son cliffhanger de fin intense !

Anthony et Joe Russo démontrent une fois de plus leur talent pour filmer les aventures de Captain America. Les scènes d'action, de courses-poursuites et de combats sont très réussies, dont une séquence de combat magistrale dans l'aéroport ! La surpopulation de tête d'affiches n'est pas une difficulté, chacun ayant un rôle adapté et bien dosé... De quoi mettre en confiance pour Avengers : Infinity War confié à nouveau au duo de réalisateurs. On regrettera seulement quelques facilités scénaristiques, notamment sur les motivations du méchant incarné par l'allemand Daniel Brühl.

 

 

 

Bien plus qu'un nouvel opus de la saga Captain America, Civil War est la réunion d'une dizaine d'Avengers, des anciens mais aussi de nouvelles têtes... En effet, le film permet ainsi d'introduire T'Challa, alias Black Panther, interprété par Chadwick Boseman. Vu dans 42, Boseman est parfaitement convainquant en prince héritier du Wakanda. 2018 paraît bien loin pour le découvrir dans son film solo ! Mais la révélation du casting est sans aucun doute Tom Holland, le tout nouveau Spider-man. Plus jeune que dans les précédentes adaptations, Peter Parker sera un atout indéniable pour le MCU et ses apparitions dans Civil War font déjà mouche. Le reste du casting n'a réellement plus de preuves à faire. Chris Evans porte pour la cinquième fois et avec autant de charisme le costume de Captain America. Son amitié inébranlable envers Bucky Barnes de retour sous les traits de Sebastian Stan est touchante. Robert Downey Jr propose un Iron Man plus sensible, moins burlesque qu'à l'accoutumée qui révèle enfin ses failles.  C'est avec plaisir qu'on retrouve le très apprécié Paul Rudd et son costume d’Ant-man, un atout comique évident. Enfin, Scarlett Johansson et Elizabeth Olsen offrent une touche féminine bienvenue.

 

 

 

Comme tous les films estampillés Marvel, Captain America : Civil War est visuellement impeccable. Les effets spéciaux sont bien maîtrisés même si plus subtils que dans Avengers : l'Ere d'Ultron qui imposait avec sa scène de destruction massive en Sokovie. La réalisation est de ce fait plus intimiste, s'approchant du travail déjà effectué dans Le Soldat de l'Hiver. La partition musicale est une nouvelle fois confiée à Henry Jackman. Si elle épouse bien le récit, on regrettera sa discrétion dans certaines scènes et la rareté de son thème principal pourtant puissant.

 

Captain America : Civil War tient toutes ses promesses. Plus mature et intense dans son propos que les précédentes productions du studio, cette adaptation expose des enjeux complexes qui viennent enrichir un peu plus cet univers cinématographique en construction. Pièce maîtresse inaugurant la troisième phase avec brio, Civil War est probablement le film le plus abouti du MCU depuis ses débuts !

 

 

Une partie du casting de Captain America : Civil War était récemment à Paris pour promouvoir la sortie du film. Nous avons assisté à la conférence de presse donnée dans un palace parisien en présence de Robert Downey Jr (Iron Man), Don Cheadle (War Machine), Emily VanCamp (Sharon Carter) et le réalisateur Anthony Russo. Les acteurs ont répondu aux questions des journalistes et blogueurs présents dans l'assemblée dont voici le compte rendu :

 

 

Presse : Le scénario de Captain America : Civil War est basé sur une confrontation entre super-héros. Avez-vous ressenti, en tant qu'acteur et réalisateur, une pression supplémentaire de choquer vos fans avec cette nouvelle intrigue ?

Anthony Russo : Nous savions que l'idée aurait pu être polémique. Nous même, étant fans de cet univers, étions excités de raconter cette histoire. Placer ce conflit au sein de ces personnages déjà présents dans d'autres films et que nous avons appris à aimer représentait un défit pour la narration, ce que nous trouvions très excitant.

Don Cheadle : C'est extraordinaire que Marvel puisse nous surprendre avec de nouvelles histoires et une nouvelle approche de ses personnages, d'autant plus que War Machine a aussi des défis différents dans cet opus.

Emily VanCamp : Pour ce qui est du conflit entre Avengers j'ai un avis plus objectif car je les vois de l'extérieur. Mais en tant que fan des précédents films c'est perturbant à voir. Mais les frères Russo ont fait un travail si merveilleux qu'on se demande vraiment comment on va pouvoir choisir un camp.

Robert Downey Jr : Je suis constipé rien qu'en repensant à cette pression ! Blague à part, ce ne sont que des films et nous sommes des acteurs. La raison pour laquelle j'aime beaucoup les Russo c'est qu'ils fonctionnent comme des chirurgiens qui jouent avec les personnages et leurs interactions. Cela a été fait de la bonne façon et je suis vraiment content que le film soit bien accueilli. Il n'y a pas de pression quand les gens aiment le film.

 

Presse : N'étiez vous pas inquiet par le nombre de personnages présents à l'écran ?

Anthony Russo : Mon frère et moi même sommes fans de films « chorales ». Les scénaristes de Marvel sont devenus experts dans le domaine et connaissent ces personnages mieux que quiconque. Si le scénario fonctionnait, on  pouvait fabriquer le film. Nous nous sommes concentrés avec les scénaristes sur le point de vue de chacun des personnages. On aime les films que l'on peut relire de manière différente à chaque visionnage. Et avec un grand nombre de protagonistes, plusieurs niveaux de lectures sont possibles.

 

Presse : Robert Downey Jr, vous êtes supposé être celui qui connaît le mieux Tony Stark désormais. Comment jouer ce rôle avec des réalisateurs et scénaristes différents ? Est-ce que vous vous dites parfois que Tony ne ferait pas ça ?

Robert Downey Jr. : Oui je fais parti des cinq meilleurs interprètes de Tony Stark ! J'ai essayé d'appliquer ce que les frères Russo me demandaient. Je ne dicte pas au comité de direction de Marvel ce que mon personnage doit faire ou pas.

 

 

Presse : le film pose la question de la suprématie des super-héros des uns par rapport aux autres. Pensez vous qu'Iron Man soit le plus fort s'il y a effectivement cette suprématie ?

Robert Downey Jr. : Il y a 5 ans j'étais sur un trip totalement narcissique mais quand on voit les nouveaux talents qui arrivent on est curieux de ce qu'ils vont faire.

 

Presse : Emily vous semblez avoir un certain pouvoir sur Captain America dans ce film...

Emily VanCamp ; Dans les comics il y a un amour compliqué entre les deux et c'est très sympa a explorer dans ce film. Mais ce n'est encore qu'à la surface.

 

Presse : Comment expliquer que Tony soit plus enclin à aider le gouvernement que ses confrères héros ?

Robert Downey Jr. : Il est intéressant d'avoir des rôles un peu inversés pour une fois. Dans les films précédents, Tony était celui qui disait aux Sénateurs d'aller se faire voir ! Et concernant Cap, c'est une question de principe et de liberté. Ces personnages sont en plusieurs dimensions avec des dilemmes moraux, ce qui rend le film plus intéressant.

 

Presse : Comment donner envie de voir le film à ceux qui ne connaissent pas l'univers Marvel ?

Anthony Russo : Ces films deviennent de plus en plus populaires. Il est donc important pour nous de faire un film accessible à des non initiés. Pour moi, Civil War parle d'une lutte familiale, des membres qui ont toujours été ensemble mais qui finissent par se diviser. On s'identifie facilement à cette histoire qu'on soit fan de super-héros ou pas.

 

Presse : Mais quelle est l'essence de l'univers Marvel ?

Robert Downey Jr. : J'ai une équation :  M = MM + M. Marvel = Mythologie Modern + Money ! Merci beaucoup !

Anthony Russo : Je rajouterais que ce que fait Marvel actuellement est inédit dans l'histoire du cinéma. Il s'agit d'une série de films connectés qui a débutée il y a dix ans et destinée à évoluée encore des années. Ces histoires sont donc conçues à la fois comme des épisodes de séries télévisés et des films classiques de deux heures.

 

 

Presse : Une question pour les enfants : quel est votre conseil pour devenir un Avenger ?

Don Cheadle : Je pense qu'il faut rêver grand, travailler dur, manger des brocolis et faire ses pompes !

Robert Downey Jr. : Faire un stage avec Kevin Feige, le patron de Marvel Studios !

Emily VanCamp : Comme a dit Don, travailler dur pour accomplir ses rêves. C'est sans doute le meilleur conseil que j'ai eu quand j'étais enfant.

Robert Downey Jr. : Et savoir que ce que l'on veut faire est réalisable aussi ! Quand j'étais petit, je voulais devenir un dinosaure. Travailler dur ? Changer son ADN ? Cela ne suffira pas !

 

Presse : Sharon voit son personnage prendre de l'ampleur et participe aux batailles dans cet opus. Comment voulez vous voir évoluer votre personnage dans le MCU ?

Emily VanCamp : Ce qui était génial dans ce film c'est que Sharon n'est pas seulement l'Agent 13 mais accède à un niveau plus profond. Il y a beaucoup à explorer encore pour ce personnage si les scénaristes le souhaitent.

 

Presse : il n'est pas commun d'avoir des acteurs de plus de 50 ans jouer des super-héros.

Robert Downey Jr. : Là j'ai envie de pleurer.

Don Cheadle : La bonne chose c'est quand j'aurai 65 ans j'en aurai fini avec ce personnage !

Robert Downey Jr. C'est une chose inévitable de vieillir ! C'est bien aussi d'être entouré d'acteurs plus jeunes.

Emily VanCamp : c'est difficile d'imaginer un autre acteur à ta place Robert...

 

Presse : N'est ce pas un film sur la culpabilité et la vengeance ?

Don Cheadle : La vengeance est un thème intéressant dans ce film qui concerne plusieurs personnages. Cela arrive même de manière choquante quand les personnages s'affrontent poussés par ce sentiment. C'est ce qui fonctionne bien dans ce film.

 

Presse : Dans Avengers : l'Ere d'Ultron les héros affrontaient un méchant iconique Marvel. Ici Zemo est un méchant inconnu aux motivations plus floues. Comment avez vous conçu ce personnage ?

Anthony Russo : on a considéré Zemo  comme un méchant alégorique. Tony Stark est abordé par un personnage qui a une histoire similaire au début du film mais Zemo porte cela à un degré plus malsain. Il a une histoire vraiment spéciale à découvrir dans le film.

 

Presse : Quel camp auriez-vous choisi personnellement?

Anthony Russo : Nous savions avec mon frère que la meilleure version du film serait celle pour laquelle on ne peut choisir aucun camp à la fin. Celle où l'on peut s'identifier aux deux camps et qui ont chacun un peu raison. On a vu ces personnages évoluer sur les précédents films et on sait bien qu'ils ne sont pas mauvais. Les amener au point de se battre était un processus très délicat.

Robert Downey Jr. : Aussi objectif que je puisse être, je considère que les réalisateurs ont réussi à montrer à quel point il est facile d'être persuadé que son point de vue est le meilleur, et de se battre violemment pour lui.

Don Cheadle : Le camp d'Iron Man concentre plusieurs aspects. Ce n'est pas seulement le point de vue de Tony Stark mais aussi celui de plusieurs gouvernements et je trouvais cet aspect de l'intrigue intéressant.

Emily VanCamp : Il est impossible de vraiment trancher car les deux ont raison et tort. C'est difficile pour mon personnage : va t-elle choisir son cœur ou le gouvernement pour lequel elle travaille ?

Anthony Russo :  Je tiens quand même à dire que je porte aujourd'hui mes boutons de manchettes Iron Man !

 

Presse : Quelles sont les scènes que vous avez dû éliminer et qui vous manquent le plus ?

Anthony Russo : Il n'y a pas tellement de scènes coupées en réalité. Il faut savoir que ces films sont très couteux à réaliser. Donc, avec mon frère,  nous nous efforçons à arriver sur le tournage avec des idées bien établies.

 

Presse : Est-ce qu'Iron Man aurait signé l'accord si Donald Trump était président des Etats-Unis ?

Robert Downey Jr. : Quoique je dise, mes propos seront repris demain en tête d'articles dans la presse et sur internet. Je ne vais donc m'abstenir !