Après deux ans d’ellipse temporelle digne du snap de Thanos, nous voici enfin de retour dans les salles de cinéma pour découvrir le dernier film de l’écurie Marvel Studios ! Un retour un peu particulier, puisque l’œuvre ouvrant la phase 4 de l’Univers Cinématographique Marvel abandonne la trame chronologique du MCU pour revenir sur des évènements abordés… dans la phase 3. De quoi s’interroger sur la légitimité de cette aventure solo de Black Widow, 11 ans après sa première apparition dans le MCU, et malgré la disparition du personnage dans Avengers : Endgame. Une fausse bonne idée ?

 

 

Le timing de sortie de Black Widow prête effectivement à confusion, puisque l’action se situe juste après les évènements de Captain America : Civil War. Natasha Romanoff est en fuite après avoir renié les accords de Sokovie et permis à Steve Rogers de s’échapper. Approchée par Yelena qui fut autrefois sa sœur, Natasha doit revenir sur les traces de son passé au sein de la Chambre Rouge et libérer les Widows de l’emprise du redoutable Dreykov.

 

 

Blockbuster au féminin, Black Widow manque cruellement de subtilité, trop centré sur l’action démesurée et bourrin (ça explose de partout !) en détriment du superbe film d’espionnage qu’il aurait pu être ! De quoi décevoir le spectateur qui rêvait d’un retour du genre plébiscité dans l’excellent Captain America : le Soldat de l’Hiver. La construction trop classique du synopsis empêche l’auditoire de se passionner pour les premières aventures solos d’une héroïne qui aurait mérité bien plus. Un scénario qui semble écrit à la hâte. De quoi soupçonner un empressement des équipes, afin remplir le vide laissé par l’annulation (temporaire) du 3ème opus des Gardiens de la Galaxie probablement prévu à la place. Arrivé des années bien trop tard, l’auditoire peine à s’impliquer pour les aventures d’une héroïne dont le destin est déjà connu de tous, n’apportant rien de crucial au déroulé du MCU hormis d’introduire de nouveaux personnages. Quelques bonnes idées sont néanmoins à retenir de l’œuvre de Cate Shortland qui a su aborder des thèmes forts comme la servitude des femmes, le trafic d’êtres humains ou la force de la famille. Les scènes les plus intimistes sont finalement les plus appréciées, notamment l’ouverture efficace du film relatant la jeunesse de l’héroïne aux Etats-Unis et la fuite de sa famille.

 

 

Premier film du MCU réalisé par une femme, Black Widow prend le temps d’approfondir ses personnages malgré une action omniprésente. Scarlett Johansson offre à l’héroïne une dernière performance cinématographique au sommet. Si la veuve noire prend enfin la tête d’affiche, on regrettera que le passé du personnage au sein de la chambre rouge soit finalement peu dévoilé. La nouvelle recrue Marvel Florence Pugh est également convaincante mais forcément moins charismatique que sa « grande sœur » appréciée des fans depuis onze ans. A voir comment le personnage de Yelena sera traité dans les prochains films (ou séries) du MCU, cette introduction peu subtile justifiant probablement cette « préquelle » inattendue. Le binôme d’espions russes formé par Rachel Weisz et David Harbour fonctionne avec une bonne alchimie et source de quelques gags efficaces. Le grand méchant Dreykov, évoqué dès le premier opus Avengers, est une déception et concentre tous les stéréotypes de l’antagoniste manichéen. Ses motivations sommaires manquent de profondeur si bien que le spectateur peine à le craindre. Les apparitions et scènes de combats du Taskmaster sont bien plus efficaces, l’identité du personnage restant un secret bien gardé jusqu’à la fin du film.

 

 

Les scènes d’actions sont dignes de la maison des idées avec des explosions à foisons, des courses poursuites épiques et des destructions impressionnantes dignes de l’espionne. Un film une nouvelle fois visuellement superbe. La partition musicale d’Alexandre Desplat déçoit, demeurant trop lisse pour identifier un thème singulier à l’héroïne.

 

Ouvrant la quatrième phase du MCU, Black Widow sort pourtant avec cinq ans de retard ! Dès lors, le film apparait comme un hommage posthume à une héroïne qui aurait mérité son aventure solo bien plus tôt. Peu légitime, il se perd dans des facilités scénaristiques conventionnelles. Reste une œuvre visuellement impressionnante, avec l’objectif à peine voilé d’en faire un passage de flambeau entre Scarlett Johansson et la fougueuse Florence Pugh.