Depuis les premières évocations du projet qui portait alors le nom énigmatique "1952", A la Poursuite de Demain est empreint d'un mystère rarement observé chez une production des studios Disney. Pris en charge par une équipe prestigieuse, le projet a été porté par une promotion virale particulièrement riche, faisant naitre l'impatience chez les fans de cinéma, tout comme chez les fans de parcs d'attraction et autres "geeks" pour lesquels le nom original du film, Tomorrowland, évoque clairement l'une des sections les plus appréciées des parcs Disney. Une entreprise pleine de promesses hier... quant sera t-il de demain ?

 

 

A la Poursuite de Demain propose un concept tout à fait original selon lequel les plus grands esprits scientifiques et artistiques de ces 200 dernières années auraient formé une société secrète - Plus Ultra - afin de fonder les plans d'une ville futuriste appelée Tomorrowland, vierge de tout intérêt politique ou industriel, soit la plus grande expérience scientifique utopique du monde. Grâce à un pin's vintage arrivé mystérieusement entre ses mains, la jeune Casey Newton (Britt Robertson), une adolescente passionnée par les sciences au caractère bien trempé, accède furtivement à la vision de ce monde fantastique caché du monde extérieur. Elle n'a alors plus qu'une idée en tête, trouver le chemin de cette cité pleine de promesses et seul Frank Walker (George Clooney), un inventeur désabusé ayant déjà fait le voyage 50 ans plus tôt, connaît le moyen d'y parvenir.

 

 

Les deux premiers tiers du film offrent ainsi une aventure audacieuse, une quête rythmée par des idées globalement brillantes qui engagent le spectateur dans une passionnante poursuite de demain. L'ouverture du film plonge avec délice dans les années 60 et une reconstitution saisissante de l'exposition universelle de New York, à commencer par une célèbre attraction qui connaitra, à n'en pas douter, un regain d'intérêt ces prochains mois. Les références cinématographiques, de la plus évidente à la plus subtile, régaleront régulièrement la communauté "geek". Néanmoins, toute l'effervescence constituée avec brio lors de la première partie s'effondre dans la dernière demi-heure du film qui réoriente maladroitement le récit vers une mission d'un classique inattendu (sauver le monde...) et qui laisse trop de questions en suspens pour être réellement satisfaisante. Pire encore, la genèse de Tomorrowland et sa société secrète, à peine évoquée, est la source d'une véritable frustration comparée à la richesse de la campagne promotionnelle.

 

 

Le binôme formé par George Clooney et Brit Robertson fonctionne merveilleusement bien à l'écran. Le premier campe un héros délicieusement désenchanté, la seconde est d'une aisance et d'une conviction rafraichissantes. La déception est en revanche réelle pour les rôles secondaires. Hugh Laurie - inoubliable Dr House - souffre d'un manque de charisme qu'on lui connaît peu. Les robots humanoïdes ou "animatronics" tomberaient presque vers une caricature mal amenée, même si la prestation de la jeune Rafey Cassidy est, dans le genre, raisonnablement convaincante.

 

 

Les rênes de ce projet à haut risque ont été confiées à Brad Bird, le papa de Ratatouille et Les Indestructibles. Un projet qui trouverait son origine dans une boîte sur laquelle était inscrite la date « 1952 », découverte par hasard dans les archives des studios Disney. Ce mystérieux écrin contenait toutes sortes de documents fascinants – des plans, des schémas, des maquettes, des photos et des lettres – liés à la création de Tomorrowland et à la Foire internationale de New York, l’exposition universelle de 1964. Egalement plébiscité pour son travail sur Mission Impossible : Protocole Fantôme, Brad Bird offre un travail de réalisation sans fausse note, magnifié par des effets spéciaux tout à fait réussis. La ville fantastique de Tomorrowland est en ce sens une parfaite réussite visuelle même si elle reste finalement assez furtive. Le tout est mis en valeur par une partition musicale de grande qualité qui fera honneur à la glorieuse carrière de Michael Giacchino.

 

 

Porté par un concept furieusement passionnant et une réalisation exemplaire, A la Poursuite de Demain mélange la réussite totale au désappointement le plus incompréhensible. La sensation d'avoir effleuré en surface une mine d'or d'une richesse exaltante. Reste à combler cette lacune par l'imaginaire de chacun, comme une invitation à écrire, à notre tour, l'histoire du monde de demain.